14.12.21
« Pollution sonore : l’affaire de tous, la santé de chacun »
L’exposition croissante aux bruits dans nos modes de vie vient questionner la place de l’audition dans le suivi de notre santé. Les recherches conduites ces dernières années mettent en évidence les synergies entre l’oreille et le cerveau. Le moindre « grain de sable » dans ces mécanismes a des répercussions sur la santé globale et la qualité des relations sociales, et pas uniquement dans le cas de surdités avérées. Cette 25e édition des journées nationales de l’audition, organisée par l’association JNA, a pour objectif de sensibiliser le public sur la place de l’audition dans la santé du quotidien. Chaque année, plus de 2 000 acteurs de la santé et de la prévention sont mobilisés par l’association pour informer, sensibiliser et dépister au plus près de la population, quel que soit l’âge. Voici les arguments clé qui motivent cette grande communauté.
De l’importance du suivi médical systématisé de l’audition
Le bruit a des impacts sur l’audition proprement dite, mais aussi sur la santé en général. Le bruit a des effets néfastes sur le sommeil, génère du stress et son lot de pathologies associées (fatigue, anxiété, problèmes cardiovasculaires. La prévalence des déficits auditifs (surdité, acouphènes) et des symptômes extra-auditifs associés augmente chaque année dans les différents baromètres santé JNA (*). Un Français sur 2 n’a jamais réalisé de bilan son audition chez un médecin ORL. Contrairement à la surdité, les acouphènes ne sont pas reconnus comme un handicap et aucun parcours de soin n’est mis en place par les pouvoir publics ; laissant souvent les patients dans une errance médicale. La reconnaissance de l’audition comme un marqueur de santé majeur permettrait le dépistage précoce des troubles de l’audition mais aussi de facteurs de comorbidité.
De l’importance de gérer ses expositions sonores
Dans le baromètre santé JNA de mars 2020, 1 Français sur 2 indique un lien direct entre le bruit et les pertes de concentration ou encore avec l’état de fatigue, d’irritabilité. Un tiers évoque également des symptômes et des troubles de l’audition et 40 % des troubles du sommeil. Il devient donc incontournable de questionner la place du bruit dans les modes de vie car au-delà même de la santé de l’individu, elle impacte aussi bien d’autres aspects de sa vie tels que l’apprentissage et la productivité. Prendre conscience de son environnement sonore et éviter les sons forts est aussi important que bien manger, bien dormir ou pratiquer une activité physique.
De l’importance d’intégrer un temps de récupération
Un principe fondamental, reposer ses oreilles. En théorie, le repos auditif doit être égal au minimum au temps exposition au bruit. Il faut donc que lors de son principal temps de repos la nuit, l’environnement soit aussi calme que possible avec pour objectif un niveau sonore < à 35 dB. Ainsi l’utilisation des écouteurs lors de l’endormissement qui fait de plus en plus partie des habitudes des Français (pas uniquement chez les adolescents !) est à proscrire.
Les modes de vie actuels ont tendance à rendre les expositions sonores omniprésentes. L’utilisation des écouteurs durant de longues heures est très nocive pour l’oreille. La bonne pratique de santé est d’intégrer des pauses auditives en cours de journée, sans autre sollicitation active des écouteurs et casques.
Respecter les besoins écologiques de l’oreille contribue à éviter la survenue de symptômes tels que les acouphènes, les surdités temporaires et la presbyacousie précoce (perte des capacités auditives liées à l’avancée en âge et corrélées au facteur génétique).
De l’importance de mettre en place des solutions pour soutenir les fonctions auditives
Lorsque le trouble de l’audition s’installe et s’accompagne de la perte de compréhension de la parole, il est essentiel de consulter afin de maintenir les 3 fonctions essentielles de l’audition : fonction de communication, fonction d’alerte et fonction émotionnelle. 2 études scientifiques récentes (**) ont démontré l’effet préventif de la prise en charge de la surdité sur le déclin cognitif et la santé mentale du patient. En effet, le moteur des fonctions cognitives demeure les relations sociales et ces dernières sont impactées négativement par les pertes auditives non prises en charge.
Ces nouveaux arguments ont contribué à la mise en place depuis le 1 janvier 2021 du « reste à charge zéro » en audioprothèse. La délivrance sur prescription d’aides auditives de classe 1 permet donc l’accès à des solutions auditives complètement remboursées (coût d’acquisition et accompagnement).
Le baromètre santé JNA (***) datant de mars 2021 indique que seulement 1 Français sur 2 a entendu parler de ce dispositif, notamment chez les populations les plus modestes qui sont pourtant les premières concernées. Cela est dû notamment à une moindre connaissance et à un accès encore complexe de la prise en charge médicale dans le domaine de l’audition.
Le parcours de santé de l’audition pour tous, tout au long de la vie, reste à définir dans un contexte de désertification médicale et de faible remplacement des médecins ORL partant à la retraite.
La campagne JNA a pour objectif de sensibiliser l’ensemble de la population Française sur les problématiques et les solutions liées à la perte d’audition. La communauté d’acteurs de la santé engagés, proposera des ateliers, des conférences, des dépistages gratuits dans toute la France, au plus près des populations. Le programme sera diffusé en libre accès au plus tard le 1er février 2022 sur le site www.journee-audition.org
(*) Enquête Ifop-JNA « Quel avenir pour l’oreille des Français ? »
(**) Etude « surdités et déclin cognitif » Pr. Frank Lin janvier 2014 et Pr. Hélène Amiéva, février 2018
(***) Enquête Ifop – JNA « La place de l’audition dans la santé des Français – Impacts COVID 19 »