17.03.21
Près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffrira de déficience auditive à des degrés divers d’ici à 2050, avertit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffrira de déficience auditive à des degrés divers d’ici à 2050, avertit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le premier rapport mondial sur l’audition, qui paraît aujourd’hui. Si l’on ne fait rien, au moins 700 millions de ces personnes auront besoin de soins auriculaires et auditifs et d’autres services de réadaptation.
« L’ouïe est précieuse. Une déficience auditive non soignée peut avoir des effets dévastateurs sur l’aptitude des personnes à communiquer, à s’instruire et à gagner leur vie. Elle peut aussi avoir des répercussions sur la santé mentale et sur la capacité à entretenir des relations », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Ce nouveau rapport révèle l’ampleur du problème, mais propose aussi des solutions sous la forme d’interventions scientifiquement fondées que nous invitons tous les pays à intégrer dans leur système de santé pour avancer sur la voie de la couverture sanitaire universelle. »
Publié juste avant la Journée mondiale de l’audition le 3 mars, le rapport montre qu’il faut intensifier rapidement l’action menée pour prévenir et combattre la perte d’audition en investissant dans les soins auriculaires et auditifs et en les rendant plus largement accessibles. Il a été établi que les investissements dans les soins auriculaires et auditifs étaient rentables : l’OMS estime que pour 1 dollar des États-Unis d'Amérique investi, les gouvernements peuvent escompter un gain de près de 16 dollars.
Le manque d’informations exactes et la stigmatisation des maladies de l’oreille et de la déficience auditive limitent fréquemment l’accès aux soins. Souvent, même le personnel soignant manque de connaissances en matière de prévention, de dépistage précoce et de prise en charge de la perte d’audition et des maladies de l’oreille, et n’est donc pas en mesure de dispenser les soins nécessaires.
Dans la plupart des pays, les soins auriculaires et auditifs ne sont pas encore intégrés au système de santé national et les personnes souffrant de maladies de l’oreille ou de déficience auditive ont difficilement accès aux soins. En outre, l’accès à ces soins n’est guère mesuré et étudié, et le système d’information sanitaire est dépourvu d’indicateurs sur ce problème.
Mais c’est dans le domaine des ressources humaines que le manque de moyens du système de santé est le plus flagrant. Dans environ 78 % des pays à faible revenu, il y a moins d’un spécialiste ORL pour un million d’habitants ; 93 % de ces pays ont moins d’un audiologiste pour un million d’habitants ; seulement 17 % ont au moins un orthophoniste pour un million d’habitants ; et 50 % ont au moins un enseignant pour malentendants pour un million d’habitants. D’après le rapport, il est possible de combler ce manque en intégrant les soins auriculaires et auditifs dans les soins de santé primaires grâce à des stratégies comme le partage des tâches et la formation.
Même dans les pays où la proportion de professionnels des soins auriculaires et auditifs est relativement élevée, les spécialistes sont inégalement répartis. Ces disparités non seulement créent des difficultés pour les personnes qui ont besoin de se faire soigner, mais imposent une charge excessive aux catégories de personnel assurant ces services.
Chez l’enfant, près de 60 % des déficiences auditives peuvent être évitées par des mesures telles que la vaccination pour prévenir la rubéole et la méningite, une amélioration des soins maternels et néonatals ainsi que le dépistage et la prise en charge précoce de l’otite moyenne (les maladies inflammatoires de l’oreille moyenne). Chez l’adulte, la lutte contre le bruit, l’écoute sans risque et la surveillance des médicaments ototoxiques conjuguées à une bonne hygiène de l’oreille peuvent aider à conserver une bonne audition et réduire le risque de déficience auditive.
La détection est la première étape pour combattre la déficience auditive et les maladies de l’oreille qui lui sont associées. L’évaluation clinique à des moments stratégiques de l’existence permet de dépister le plus tôt possible toute perte d’audition ou maladie de l’oreille.
Les technologies récentes, parmi lesquelles des dispositifs précis et faciles à utiliser, permettent de dépister les maladies de l’oreille et les déficiences auditives à tout âge, en milieu clinique ou dans la communauté, avec des moyens et un niveau de formation limités. Le dépistage peut également se faire dans des conditions difficiles comme dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et dans les régions du monde mal desservies et éloignées.
Une fois le diagnostic posé, il est crucial d’intervenir rapidement. Des traitements médicaux et chirurgicaux peuvent guérir la plupart des maladies de l’oreille et éventuellement corriger la déficience auditive connexe. Toutefois, lorsque la perte d’audition est irréversible, la réadaptation peut éviter les conséquences négatives de la perte auditive. Il existe une gamme de solutions efficaces.
Les technologies telles que les aides auditives et les implants cochléaires, s’ils sont couplés à des services de soutien appropriés et à une réadaptation, sont efficaces et rentables et conviennent aux enfants comme aux adultes.
Le rapport indique que le langage des signes et d’autres moyens de substitution sensorielle comme la lecture labiale sont des solutions importantes pour beaucoup de personnes sourdes ; d’autres technologies et services d’assistance comme le sous-titrage et l’interprétation en langage des signes peuvent améliorer encore la communication et l’apprentissage pour les personnes atteintes d’une déficience auditive.
« Pour que les avantages de ces progrès et solutions technologiques soient équitablement accessibles à tous, les pays doivent adopter une approche intégrée et centrée sur la personne », a déclaré la Dre Bente Mikkelsen, Directrice du Département Maladies non transmissibles à l’OMS. « Il est essentiel d’intégrer les soins auriculaires et auditifs dans les plans de santé nationaux et de les dispenser dans des systèmes de santé renforcés, au titre de la couverture sanitaire universelle, pour répondre aux besoins des personnes à risque ou atteintes d’une déficience auditive. »