17.11.23
Un appareil auditif est un dispositif de correction personnalisé. Ce dernier mot est particulièrement important puisqu'il rappelle qu'il ne suffit pas d'acheter une prothèse auditive pour mieux entendre. L'embout est ainsi généralement réalisé sur mesure pour plus de confort. Les réglages sont quant à eux uniques à chaque problème auditif. Pourtant, de nombreuses personnes envisagent l'achat d'un appareil auditif d'occasion, souvent par souci d'économie. L'opération n'est néanmoins pas toujours rentable financièrement. Elle risque également, au mieux, de ne pas totalement résoudre le problème et, au pire, d'empirer la perte auditive. Explications.
Sur Internet, il est possible d’acheter un appareil auditif d’occasion pour une centaine d’euros ou, pour les offres plus sérieuses, entre 300 et 400 €. Lorsque l’on sait que les appareils auditifs les moins chers coûtent 950 € (par oreille), l’offre est forcément tentante !
Pourtant, les appareils auditifs sont remboursés, et même mieux que jamais grâce à la réforme 100% santé de 2021. L'audioprothésiste est ainsi tenu légalement de proposer au moins une solution de correction sans reste à charge. Cela signifie tout simplement que, si vous bénéficiez d’une complémentaire santé, vous n’avez rien à payer ! Ajoutons à cela qu’en plus des options de remboursement des appareils auditifs, de nombreux centres d'audition proposent des facilités de paiement, bien sûr à travers le tiers payant, mais également en proposant de payer en deux, trois et même parfois jusqu'en 48 fois sans frais afin d'échelonner le règlement. Des aides financières sont également disponibles.
Autre argument concernant le marché de l’occasion, il est un moyen détourné de se passer d’ordonnance pour un appareil auditif. Pourtant, consulter un professionnel de la santé (généraliste ou ORL) est essentiel avant de se faire appareiller. D’ailleurs, le bilan auditif est totalement indolore et peut très bien se faire chez un audioprothésiste. L’ORL doit cependant rédiger l’ordonnance.
Vous hésitez ? Voici les raisons principales de ne pas acheter un appareil auditif d’occasion.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, acheter d’occasion ne pose pas tant de problème d'hygiène. Il est en effet tout à fait possible de nettoyer un appareil auditif, dans ce cas en désinfectant les coques avant utilisation et en changeant le tube comme les embouts. Cette étape est néanmoins inévitable et d'autres problèmes peuvent se présenter.
Nous l’évoquions en introduction, une aide auditive est une solution personnalisée. La choisir d’occasion, c’est prendre le risque qu’elle ne soit pas adaptée au problème auditif, par exemple parce que la surdité est importante et la prothèse pas assez puissante. Un appareil d’occasion est également préréglé pour une certaine perte d’audition, qui est très certainement différente, tant au niveau des fréquences concernées que de la puissance d’amplification utile.Oubliez également la possibilité de retourner l’appareil après une période d’essai de 30 jours, comme c’est le cas pour un équipement neuf.
Bref, le résultat est rarement convaincant, avec en plus un risque d’empirer le problème, ce qui nous amène à notre seconde raison.
Une surdité mal corrigée peut être au moins aussi problématique qu’une surdité non corrigée. En achetant un appareil auditif d’occasion sans consulter d’audioprothésiste, il existe un risque d’accélérer la perte auditive. Consulter un audioprothésiste avant et après l’achat est donc essentiel. Malheureusement, un achat d’occasion est un obstacle au remboursement.
L’occasion est bien souvent préférée pour des questions financières. Pourtant, elle ne donne droit à aucun remboursement. Quel que soit le prix affiché, il est donc entièrement à la charge de l’acheteur alors qu’un appareil auditif de classe I (jusqu’à 950 €) est entièrement remboursé et qu’un appareil auditif de classe II l’est au moins à hauteur de 950 €, parfois plus en fonction du contrat passé avec la mutuelle santé.
Le suivi de l’audioprothésiste n’est, lui non plus, pas pris en charge.
Avant toute vente d’appareil auditif, l’audioprothésiste est tenu de rédiger un devis normalisé. Ce document comporte de nombreuses informations utiles comme le modèle, les informations relatives à la prise en charge des appareils par l’assurance maladie, les conditions de garantie ou encore les prestations de suivi que l’audioprothésiste est tenu de dispenser tout au long de la durée de vie de l’appareil.
Un remboursement de l’audioprothésiste, du moins certaines de ses prestations, est en effet possible en passant par le circuit classique. En préférant le marché de l’occasion, son suivi n’est plus pris en charge. Il faut alors bien souvent payer les réglages et d’autres prestations d’entretien et de réparation qui viennent faire gonfler le prix initial.
Le risque de panne est quant à lui plus élevé.
La durée de vie moyenne d’un appareil auditif se situe autour de quatre ans. Forcément, une prothèse d’occasion a déjà quelques années ou, au mieux, mois. Les dysfonctionnements sont par conséquent plus probables. En cas de panne de l’appareil auditif, la réparation ou le remplacement sont entièrement à votre charge. Là encore, l’économie de départ peut être compromise.
Si, malgré les inconvénients, vous décidez tout de même de racheter un appareil auditif à son précédent propriétaire, quelques bonnes pratiques vous permettent de limiter les risques.
Vous l’aurez compris à la lecture de cet article, l’achat et la vente d’occasion de ce type d’équipement n’est pas recommandé. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut systématiquement jeter ses prothèses auditives en cas de renouvellement. Il existe notamment des associations qui récupèrent les appareils usagés et les reconditionnent pour les donner à des personnes dans le besoin. Certains fabricants proposent également de reprendre les appareils qui ne sont plus utilisés et les remettent eux-mêmes en état. Enfin, certains centres d’audition proposent des solutions de reprise qui aident au financement de nouvelles aides auditives dans le cadre d’un renouvellement.