16.05.22
Entendre des bruits parasites dans une ou les deux oreilles, qu'il s'agisse de pulsations, de bourdonnements ou de sifflements, est désagréable. Selon l'intensité et la fréquence, les acouphènes peuvent devenir une véritable source de stress pour celles et ceux qui en souffrent. À l'inverse, le stress pourrait également être un facteur déclenchant ou aggravant des acouphènes. Cet article revient sur ce que l'on sait du lien entre le stress et un acouphène, qu'il soit pulsatile ou objectif.
Il reste difficile de prouver l'influence du stress sur le déclenchement de troubles acouphéniques. Néanmoins, une corrélation entre les deux a été déterminée. Ainsi, environ la moitié des personnes souffrant d'acouphènes déclarent les avoir entendus pour la première fois suite à une période de stress intense. Le pourquoi du comment reste encore à déterminer, mais quelques pistes semblent déjà pouvoir être mises en avant.
Le stress a une influence directe sur l'organisme et notamment sur le système nerveux sympathique et le cortex auditif.
Le système nerveux sympathique est responsable du contrôle de différentes activités automatiques de l'organisme, comme le rythme cardiaque pour ne citer que le principal. Il aide notamment le corps à fuir ou à affronter une situation donnée en libérant les hormones utiles au type de réaction souhaitée. En période de stress, les réactions et la perception de l'organisme sont chamboulées. Des acouphènes existants mais légers ou pas encore identifiés peuvent alors s'intensifier et s'imposer à la conscience du patient.
Le cortex auditif est quant à lui tout simplement la partie du cerveau consacrée à l'analyse des signaux sonores transmis par le système auditif (l'oreille). En cas de stress, les cellules ciliées de l'oreille interne pourraient ne pas toujours parvenir à coder directement le signal sonore à destination du nerf auditif, provoquant au passage l'apparition de sifflements, cliquetis et autres bourdonnements.
Dans ces deux cas, des acouphènes temporaires ou chroniques peuvent apparaître. Il s'agit alors d'acouphènes subjectifs, c'est-à-dire dont les sons n'existent pas vraiment mais sont produits par l’organisme du patient. Il est également envisageable de déclencher des acouphènes dits objectifs, plus couramment appelés acouphènes pulsatiles, à cause du stress.
Un stress excessif peut également avoir une incidence sur le système cardiovasculaire. Il est dans ce cas possible que le stress entraîne une rétraction des vaisseaux sanguins, y compris ceux situés aux abords de l'appareil auditif. Dans certains cas, les battements cardiaques, à travers la circulation sanguine, deviennent audibles. Nous parlons dans ce cas d'acouphènes pulsatiles, plus rares que les acouphènes dits objectifs mais pouvant eux aussi être encouragés par des périodes de stress.
Les trois-quarts des personnes acouphéniques déclarent se sentir plus stressées que de raison. Il faut dire qu’entendre un bruit incessant dans l’oreille est épuisant, irritant et, conséquence somme toute logique, une source de stress. À cela peuvent s’ajouter les problèmes liés à la perte auditive courante chez les patients souffrant d’acouphènes. Ils impliquent de se sentir moins à l’aise en présence d’autres personnes, de ne pas toujours comprendre son environnement et donc de s’isoler progressivement, ce qui représente également une source de stress. Entre gestion des bruits, d’éventuels autres symptômes et de la surdité, les acouphènes chroniques sont assez logiquement eux aussi des facteurs de stress.
Ainsi, quelle que soit la cause à l’origine de ces bruits dans l’oreille, un cercle vicieux peut rapidement s’installer. Le stress augmente la perception de l’acouphène, qui cause davantage de stress, et ainsi de suite. Dès lors, une prise en charge efficace et aussi précoce que possible du problème devient la seule manière de réduire à la fois l’acouphène et le stress.
En présence d’acouphènes ou de suspicion d’acouphènes, se rendre chez un spécialiste de l’audition est incontournable. Consulter un médecin ORL ou un audioprothésiste est recommandé, mais un médecin généraliste peut également être un premier contact aisé et pertinent puisqu’il connaît souvent déjà votre état de santé général. En faisant diagnostiquer les acouphènes, il est plus aisé de trouver le bon traitement et, si justifié, de prendre correctement en charge la perte auditive très fréquemment associée aux acouphènes objectifs.
En cas de perte auditive, l’appareillage s’impose souvent comme une solution efficace pour la combler, mais aussi pour réduire les troubles acouphéniques. Il existe également des traitements naturels contre les acouphènes.
Si vous constatez que le stress est un facteur aggravant, il peut également être intéressant d’agir sur ce point particulier afin de mieux supporter les nuisances sonores. Pour cela, des activités relaxantes comme le yoga ou la méditation sont de bonnes pistes à explorer. Elles pourront limiter l’afflux de stress, mais aussi vous apprendre à mieux gérer les périodes de tension afin d’en limiter l’intensité et la durée. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont également reconnues pour leur capacité à réduire l’anxiété et à favoriser la relaxation.