20.05.22
Les personnes souffrant d'acouphènes évoquent régulièrement des épisodes de fatigue anormale, en ce sens qu'un moment de repos ne suffit pas à la soulager. Si le lien entre fatigue et acouphènes semble irréfutable, il n'est pas toujours évident de comprendre lequel cause l'autre. Plus précisément, la fatigue semble être à la fois une cause et une conséquence de l'acouphène. Retour sur ce que l'on sait des liens entre les deux et des bons réflexes à avoir pour ne pas en faire les frais.
Un acouphène, rappelons-le, est un bruit parasite dans l'oreille. Selon les cas, il peut s'agir d'un sifflement, d’un bourdonnement, d’un cliquetis ou, plus rarement, de ses propres battements cardiaques. Dans ce dernier cas, il s'agit d'une forme particulière d'acouphènes qualifiée d'acouphènes pulsatiles. Ils peuvent être causés par une maladie cardiovasculaire et s'opposent aux acouphènes les plus courants, les acouphènes dits "subjectifs", qui sont entendus par le patient mais ne sont pas des sons existant réellement.
Les causes des acouphènes sont diverses. Le plus souvent cependant, une perte d'audition est en cause. La presbyacousie, ce vieillissement naturel de l'appareil auditif, est souvent impliquée, mais elle n'est pas la seule responsable. Un traumatisme sonore peut également être à l'origine d'acouphènes, tout comme certaines maladies (otite, obstruction du conduit auditif, otospongiose, maladie de Ménière, etc.), la prise de certains médicaments ou encore un problème psychosomatique comme le stress.
Comme en présence de l’association acouphènes et stress, il est enfin difficile de dissocier acouphènes et fatigue. Il est encore plus complexe de déterminer ce qui de la fatigue ou de l'acouphène cause ou empire l'autre. Il semble néanmoins indéniable qu'une fatigue intense peut encourager l'apparition d'acouphènes. Plus précisément, ce serait la fatigue auditive qui serait la plus à même de causer des bruits parasites dans les oreilles.
Il faut distinguer la fatigue tout court, appelée asthénie lorsqu'elle subsiste même après le repos, de la fatigue auditive. En effet, nos oreilles aussi peuvent être fatiguées. C'est par exemple le cas pour les personnes qui travaillent en milieu bruyant et dont la qualité de l'audition n'est pas aussi bonne après une journée de travail qu'au réveil. Il s'agit dans ce cas-là de perte auditive temporaire puisque l'audition revient à la normale durant la nuit. Pour autant, une baisse d'audition temporaire, et donc la fatigue auditive, peut tout à fait entraîner l'apparition d'acouphènes. Elle peut de la même manière augmenter la perception des bruits parasites perçus.
Encore une fois, au même titre que le stress, la fatigue peut également être un facteur aggravant des acouphènes. En effet, lorsqu'elle a moins d'énergie, une personne souffrant de ces nuisances sonores peut avoir plus de mal à se concentrer sur autre chose. Le ressenti est alors amplifié. Une fatigue morale peut également placer la personne acouphénique dans un état d'anxiété ou de dépression réduisant sa capacité à faire abstraction des acouphènes.
Quels que soient les symptômes associés aux acouphènes, plus on leur accorde d’importance et plus leur perception s’intensifie. Ainsi, se focaliser sur ces sons intempestifs a tendance à encourager leur chronicité. Au contraire, plus on arrive à les ignorer et plus il est probable qu’ils disparaissent en dehors de situations exceptionnelles, par exemple lorsque la personne qui en souffre est particulièrement fatiguée.
L’effet pervers de ce phénomène est que plus les acouphènes sont sévères et plus la fatigue ressentie a elle aussi tendance à s’intensifier.
Le bruit entendu par une personne acouphénique est une nuisance sonore plus ou moins intense et constante. Entêtant, il l’empêche de se reposer, créant une fatigue à la fois morale et physique puisque trouver le sommeil devient plus difficile. Ainsi, les acouphènes peuvent être générateurs de troubles du sommeil. En cas d’acouphènes liés à une perte auditive, le patient doit également produire un effort de concentration plus important qu’à l’accoutumée pour percevoir les sons qui l’entourent (tenir une conversation par exemple). Là encore, une fatigue supérieure à la moyenne n’est pas rare. Enfin, l’isolement progressif lorsque l’audition n’est pas suffisamment bonne est un facteur supplémentaire pouvant entraîner une forme de fatigue morale.
Au final, comprendre lequel de l’acouphène ou de la fatigue apparaît en premier ne change que peu le problème pour la personne qui en souffre : l’un encourage l’autre, empirant au passage le confort de vie. Il est par conséquent essentiel de traiter l’un et l’autre pour espérer obtenir le meilleur résultat possible. Le premier réflexe à avoir en cas de fatigue intense et/ou de suspicion d’acouphène est d’en parler à un professionnel de santé. Votre généraliste est un bon point de départ, mais il faudra certainement vous orienter vers un médecin ORL ou un audioprothésiste afin de réaliser un bilan ORL complet. Une fois le diagnostic posé et l’origine de l’acouphène détectée, un traitement adapté peut être déterminé par votre médecin.
En cas de fatigue causée par des acouphènes liés à une surdité, le recours à des appareils auditifs adaptés est souvent la solution la plus efficace. D’autres solutions comme un traitement médicamenteux voire une petite intervention chirurgicale permettent également de traiter certains symptômes, parfois définitivement.
En complément, l’écoute de bruit blanc peut être un moyen efficace de ne plus focaliser son attention sur le bruit perçu par l’oreille. Une alimentation équilibrée est également toujours recommandée, ainsi qu’une bonne hygiène de vie générale (sport, consommation d’alcool et de tabac limitée, sommeil suffisant). Cela est d’autant plus important que la qualité de vie générale influe aussi bien sur la perception du bruit dans l’oreille que sur la fatigue. Enfin, les thérapies comportementales et cognitives peuvent constituer un apport intéressant en aidant le patient à vivre avec ses acouphènes et, surtout, à en faire abstraction.