07.12.21
Lorsque l’on parle d’acouphènes, on pense immédiatement à un bourdonnement ou à un sifflement plus ou moins continu dans les oreilles. C’est en effet ce qui se passe dans l’extrême majorité des cas. Il en existe cependant une forme, impliquant au contraire d’entendre un battement régulier et incessant dans une oreille. On parle alors d’acouphènes pulsatiles. Ce guide complet revient en détails sur leur définition, les symptômes qui les accompagnent, leurs causes et les options de traitement, heureusement plutôt bonnes.
Un acouphène pulsatile consiste en une perception normale par la cochlée d'un flux vasculaire anormal. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un problème d’audition, mais plutôt d’une pathologie vasculaire intracrânienne. Très concrètement, une personne souffrant d’acouphènes pulsatiles entend son cœur battre dans ses oreilles, souvent au réveil ou au lit. Typiquement, le bruit entendu est un battement ou un rythme synchronisé avec les battements cardiaques et variant donc en fonction du rythme du cœur. Une “pulsation” donc. Ces acouphènes sont généralement unilatéraux (ils sont perçus seulement dans une oreille) et peuvent être un signe de problème cardiaque.
Ils sont à distinguer des acouphènes classiques.
Il existe deux types d’acouphènes : les acouphènes subjectifs (ou acouphènes continus), ceux dont en entend le plus souvent parler, et les acouphènes objectifs (pulsatiles). Dans les deux cas, la personne concernée entend un son parasite invalidant. Dans le cas d’acouphènes subjectifs, les bruits sont cependant produits par la cochlée et non par l’environnement extérieur. C’est le cas dans 95% des cas. Pour les cinq autres pourcents, et donc dans le cas d’acouphènes pulsatiles qui nous intéressent ici, le son n'est pas généré par la cochlée mais est bien réel. Ces acouphènes peuvent donc être entendus par quelqu'un d'autre, et notamment par un médecin muni d'un stéthoscope.
Dans tous les cas, le bruit intempestif est dérangeant. Un acouphène pulsatile peut cependant s'avérer plus invalidant qu'un acouphène continu. Ses conséquences peuvent être variées.
Les conséquences attribuées aux acouphènes continus restent valables pour les acouphènes pulsatiles :
D’autres conséquences viennent cependant s’ajouter et, en plus, des vertiges, des maux de têtes et des douleurs cervicales peuvent se manifester. Elles dépendent en partie des causes à l’origine de la pathologie.
Les acouphènes pulsatiles peuvent être dus à différents problèmes de santé, plus ou moins faciles à diagnostiquer. Il est néanmoins essentiel d’en comprendre la cause pour pouvoir proposer un traitement adéquat, nous y reviendrons un peu plus bas.
L’altération du flux sanguin dans et autour des oreilles est la cause la plus courante menant à l’apparition d’acouphènes pulsatiles. Cette dernière peut être artérielle (artères torsadées notamment, anomalie de l'artère carotide ou de l'artère vertébrale) ou veineuse.
La plupart du temps, elle est due à un problème de sinus latéral :
L’hypersensibilité sonore ou hyperacousie est également une cause courante. De nombreuses personnes portent en effet une attention accrue à certains sons faibles qui peuvent paraître négligeables ou sont en tout cas plus aisément ignorés par d’autres. Lorsque cette hypersensibilité implique d’entendre les bruits produits par le corps, il y a prise de conscience du flux sanguin, ce qui peut se traduire par la perception d'acouphènes pulsatiles au niveau de l'oreille.
Une hypertension artérielle ou intracrânienne peut également causer des acouphènes pulsatiles, tout particulièrement en cas de stress excessif, de fatigue et/ou de surpoids. Causée par un problème de tension, une tumeur, un AVC ou une méningite, l’hypertension intracrânienne se manifeste en effet par une pression excessive du liquide céphalo-rachidien qui peut provoquer à la fois des acouphènes, des maux de tête et des nausées.
L'accumulation de graisses et de cholestérol réduit l'élasticité des vaisseaux sanguins. Lorsque ce phénomène touche les vaisseaux proches de l'oreille, l’écoulement du sang y est moins fluide. Conséquence directe, la pression sanguine est plus élevée, tout comme le volume sonore provoqué par le déplacement du sang. Des acouphènes pulsatiles peuvent alors apparaître.
L'oreille moyenne est normalement remplie d'air (elle forme un sas de protection entre l'oreille externe, à l'air libre, et l'oreille interne, remplie de liquide). Certaines infections et maladies peuvent entraîner l'apparition de liquide dans cette partie, et en même temps causer des acouphènes pulsatiles.
L’otospongiose est une maladie se traduisant par une croissance osseuse anormale qui s'étend jusqu'à l'oreille interne. Ce faisant, elle entraîne une perte d'audition ainsi que, dans certains cas, des acouphènes pulsatiles.
On parle d’hyperthyroïdie lorsqu’il y a production excessive d'hormones thyroïdiennes. Si elle ne touche qu’1% de la population, elle influence largement le métabolisme humain et compte l’apparition d’acouphènes pulsatiles parmi ses effets secondaires. En cas d’hypothyroïdie (sous-production d’hormones thyroïdiennes), ce sont au contraire les acouphènes subjectifs qui s’invitent plus fréquemment parmi les effets secondaires constatés.
Le glomus est un petit amas de tissu vasculaire et/ou nerveux. Dans de très rares cas, une tumeur s’y développe. SI la tumeur est bénigne, elle peut néanmoins toucher le système vasculaire à proximité de l'appareil auditif et potentiellement engendrer l’apparition d’acouphènes pulsatiles.
La maladie osseuse de Paget (ou ostéite déformante hypertrophique) est une affection chronique impliquant l’accélération du processus de reconstruction des os. Ces derniers ont alors tendance à s’épaissir, s’affaiblir et se déformer. On estime à 3% la part d’individus de plus de 40 ans touchés par la maladie de Paget. Elle reste cependant difficile à diagnostiquer du fait de sa lente évolution et de sa localisation variée sur un ou plusieurs os. Lorsqu’elle s’installe sur les os du crâne, elle peut altérer le système vasculaire et causer des acouphènes pulsatiles.
Quelle que soit la cause d’acouphènes, il est important de l’identifier afin d’espérer pouvoir les soigner durablement. Un diagnostic en bonne et due forme s’impose alors.
Face à une suspicion d’acouphène pulsatile, accompagné ou non d’une perte d’audition, une solution s’impose : consulter un professionnel de santé et de l'audition, qui sera capable de rechercher la cause des acouphènes, d'établir un diagnostic, puis de proposer une stratégie appropriée à votre situation personnelle.
Dans tous les cas, une première consultation est nécessaire afin d’ausculter le patient et son conduit auditif et de se renseigner sur son environnement ainsi que son style de vie. Diagnostiquer des acouphènes implique généralement de réaliser un bilan auditif complet, qui permet de calculer la perte auditive qui y est peut-être liée. En fonction des cas, un examen complémentaire peut également s’avérer nécessaire. Il est généralement assez rapide, indolore et permet d’aller davantage dans le détail qu’un simple examen clinique.
Un acouphène pulsatile étant une pathologie vasculaire, il est commun d'essayer d’en déterminer la cause en passant un échodoppler (ou échographie doppler) auprès d'un angiologue. Cet examen permet en effet d’observer certaines artères et leurs flux sanguins. Reposant sur l’utilisation d’ultrasons, il est totalement indolore et inoffensif pour le patient. Il présente cependant un intérêt limité dans l’exercice du diagnostic d’acouphènes pulsatiles puisque l’examen sera généralement normal si ces derniers sont causés par un problème de sinus latéral, la pathologie ne se situant pas sur une artère cervicale. Une fistule artérioveineuse peut quant à elle être détectée au Doppler, mais reste un signe relativement discret.
Si l'acouphène pulsatile disparaît lors de la compression de la veine jugulaire homolatérale et s'atténue lors de la compression de la veine jugulaire controlatérale, la sténose du sinus latéral peut être envisagée. Un moyen simple et efficace d’avancer dans le diagnostic qui peut ensuite être confirmé par IRM. Dans ce cas, il existe des options concrètes et efficaces de parvenir à soigner définitivement l’acouphène.
L’IRM, ou Imagerie à résonance magnétique, est un examen d’imagerie médicale indolore regroupant un ensemble de techniques qui permettent d’obtenir des images précises de l’intérieur du corps humain et tout particulièrement des tissus mous (cerveau, muscles, viscères notamment). Il est possible de passer une IRM avec séquences vasculaires, elle permet alors d’explorer les artères depuis le trou occipital jusqu'au vertex. Une angio IRM permet quant à elle d’explorer la lumière des sinus duraux et de détecter certains troubles auditifs.
Ces différents examens permettent de détecter des problèmes de santé différents et ne sont pas systématiquement nécessaires à l’établissement d’un diagnostic. Ils s’imposent néanmoins comme des outils utiles afin de déterminer comment soigner les acouphènes pulsatiles d’un patient.
La première information essentielle ici est qu’il est, dans de nombreux cas, possible de soigner des acouphènes pulsatiles. Bien que plus rares, ils offrent ainsi plutôt de meilleures chances de guérison que des acouphènes subjectifs. Il reste cependant essentiel d'en déterminer la cause pour pouvoir choisir le traitement approprié, d'où l'importance du diagnostic.
Une fois la cause identifiée, un patient a de bonnes chances de guérison ou tout du moins de large atténuation du battement intempestif perçu. Selon les cas, un traitement médicamenteux peut suffire. Dans d’autres, une intervention chirurgicale (souvent minime) est nécessaire.
Les traitements médicamenteux sont généralement préférés en cas de cause médicale particulière comme l'hyperthyroïdie ou l'hypertension. C’est également la solution privilégiée en cas d’épanchement de liquide dans l'oreille moyenne. Il est dans ce cas possible de le traiter avec un traitement approprié (antibiotiques et/ou pulvérisations) afin de d’éliminer la présence de liquide, de préserver les trompes d'Eustache et de se débarrasser par la même occasion de l’acouphène.
Les problèmes d’origine vasculaire requièrent quant à eux parfois une intervention chirurgicale.
L’évocation d’une intervention chirurgicale peut effrayer certains patients. Pourtant, elle offre de très bonnes chances de guérir les acouphènes pulsatiles dus à un problème de flux sanguin et est la plupart du temps minime.
Différentes interventions peuvent se justifier, en fonction de la cause à l’origine des acouphènes pulsatiles :
Une seule intervention suffit dans la plupart des cas, quelle qu’elle soit. Il reste cependant plus compliqué de soigner des acouphènes pulsatiles lorsqu’on n’en comprend pas la cause.
En cas d’acouphène lié à une perte d’audition, l’appareillage reste un moyen particulièrement efficace de largement réduire les acouphènes pulsatiles. En permettant de recouvrer l’audition perdue, il contribue en effet à couvrir le bruit perçu. En cas de perte d’audition avérée, un médecin ORL prescrit généralement le port d’une prothèse auditive, ensuite conçue et mise en place par l’audioprothésiste. Elle ne permet cependant pas de soigner les acouphènes pulsatiles, mais seulement de les amoindrir.
Un acouphène pulsatile d’origine inconnue est beaucoup plus difficile à traiter. En l’absence de résultats probants des principaux traitements connus, il reste la possibilité de se rabattre sur les moyens utilisés pour mieux vivre avec les acouphènes continus, incluant diverses thérapies qui, si elles ne permettent pas de les soigner, aident néanmoins à atténuer la perception de l’acouphène et donc à mieux le supporter, particulièrement la nuit ou dans des environnements silencieux. Des traitements non-conventionnels comme l’hypnose, la sophrologie et/ou l’acupuncture peuvent également proposer un accompagnement aux patients réfractaires.