19.12.22
Utilisées depuis des années, les bougies d’oreille reviennent en force, notamment sur les réseaux sociaux où de nombreux utilisateurs vantent leurs mérites. Bio, naturelles, faciles d’utilisation, elles permettraient de prendre soin de ses oreilles à l’aide d’un produit artisanal aux multiples vertus. Mais qu’est-ce donc exactement qu’une bougie d’oreille, quels sont réellement ses effets et peut-elle être dangereuse ?
Une bougie d'oreille, également appelée bougie auriculaire ou bougie Hopi (une des principales marques), est une bougie longue et fine, généralement constituée d'un tube en tissu recouvert de cire d'abeille.
Pour utiliser une bougie d’oreille, il suffit de s’allonger sur le côté, avec la tête appuyée sur un oreiller. Grâce au tube en tissu qui la compose, la bougie d’oreille est creuse. L’idée est donc d’insérer délicatement sa base dans le conduit auditif puis de l’allumer et d’attendre qu’elle se soit consumée. L’opération dure en général un quart d’heure et est totalement indolore.
Le concept derrière cette manipulation est simple. En brûlant, la bougie serait à l’origine d’une aspiration à l’intérieur du tube, permettant au cérumen réchauffé et aux bactéries d’être évacués du canal auditif.
Cela aurait plusieurs avantages.
Selon les interlocuteurs, les défenseurs de bougies Hopi ou autres bougies pour les oreilles présentent des avantages plus ou moins variés :
Pourtant, ces avantages supposés sont loin de faire l'unanimité ou, plutôt, les médecins les critiquent, eux, de façon quasi unanime.
La science est sans appel : les résidus retrouvés à l’intérieur de ce qui reste du tube de la bougie d’oreille une fois qu’elle a brûlé n’est pas du cérumen. Il s’agit tout simplement de restes de cire de la bougie. L’hypothèse de l’aspiration du cérumen ne tient donc pas.
Quant à l’idée que le cérumen, réchauffé, serait plus facile à éliminer naturellement par le conduit auditif, elle n’est pas plus valide. En effet, la température du corps est de 37 degrés. La température à la base de la bougie (la partie en contact avec l’oreille) n’est quant à elle que d’environ 32°C, pas de quoi réchauffer les débris et encore moins de faire fondre le cérumen. Ajoutons à cela que le cérumen est une cire naturelle utile à la bonne santé de l’oreille et ne doit donc en aucun cas être retiré, si ce n’est en cas d’excédent. Enfin, les présumés effets sur la sphère ORL (nez et gorge notamment) sont tout aussi improbables puisque le canal auditif ne communique pas avec l’intérieur de la tête : ils sont séparés par le tympan.
Conclusion : une bougie d’oreille n’a en aucun cas les vertus qu’on lui prête.
Pire, elle pourrait même être dangereuse.
Certaines bougies auriculaires sont équipées d’un filtre anti-coulure et/ou d’un disque protecteur à leur base. Ce n’est pourtant pas le cas de toutes. Il existe donc un risque de brûlure de l’oreille et/ou du conduit auditif, mais aussi un risque d’obstruction à cause de l’accumulation de cire à l’intérieur de l’oreille. Des perforations du tympan de certains utilisateurs de bougies d’oreille ont également été constatées par des médecins ORL, tout comme certaines pertes d’audition, heureusement temporaires.
Ainsi, la bougie d’oreille, souvent vendue comme alternative au coton-tige, ne fait pas beaucoup mieux, voire pire. Il ne faut cependant pas oublier l’utilité du cérumen et se défaire d’une idée reçue : il est tout à fait inutile de se nettoyer les oreilles quotidiennement.
Bien se nettoyer les oreilles implique avant-tout de ne pas le faire trop souvent (une fois par semaine maximum) et en évitant l’insertion de corps étrangers, cotons-tiges ou autres. Les poires de nettoyage spécialement prévues à cet effet sont alors tout à fait suffisantes et ne doivent servir qu’à retirer le surplus de cérumen, pas à en débarrasser l’oreille.
Nettoyer une oreille bouchée reste évidemment important, mais il est préférable de confier la tâche à un professionnel de santé, idéalement un médecin ORL, plutôt que de le faire soi-même et de risquer d’empirer la situation.