31.03.22
Trouble de l’audition assez peu connu et heureusement assez rare, l’hyperacousie est une sensibilité extrême aux sons. Pas grave en soi, elle peut néanmoins entraîner des désordres très problématiques chez les personnes qui en sont atteintes. Retour sur ce qu’est l’hyperacousie, comment la diagnostiquer, l’anticiper et la traiter.
L'hyperacousie est un trouble de l'audition qui se traduit par une hypersensibilité aux sons. Malgré son nom, l'hyperacousie ne signifie en aucun cas que l'on entend "mieux" que la moyenne, mais plutôt que l'on perçoit les sons plus intensément, si bien que les bruits du quotidien (trafic, bruits de vaisselle, voix) deviennent intolérables et, bien souvent, douloureux. Les sons ordinaires se transforment alors en agressions sonores, difficiles à gérer.
L’hyperacousie ne doit donc pas être confondue avec l’hypoacousie, qui correspond quant à elle à une perte auditive. Les deux ne sont par ailleurs pas incompatibles.
La plupart du temps, l’hyperacousie se manifeste chez des patients souffrant déjà d’un problème auditif, qu’il s’agisse d’une perte d’audition ou d'acouphènes. Ainsi, on estime que 40% à 50% des personnes souffrant d'acouphènes sont également atteintes d'hyperacousie. Il existe également des personnes pour lesquelles l’hyperacousie est le seul trouble auditif constaté, mais la probabilité est moindre.
Les causes exactes de l’hyperacousie sont encore relativement méconnues. Plusieurs facteurs ont cependant été mis en évidence.
Consulter un spécialiste de l’audition est nécessaire pour identifier une hyperacousie. Le médecin ORL (otorhinolaryngologiste) est ainsi la personne la plus à même de poser un diagnostic précis. Cela passe dans un premier temps par un entretien oral, qui permet de déterminer la gêne ressentie par le patient. Si une hyperacousie est suspectée, le spécialiste de l'audition procède ensuite à un examen physique de l'oreille, accompagné d’un bilan auditif incluant des tests audiométriques. Ces derniers permettent de déterminer avec précision l'intensité des sons qui provoquent l'intolérance ou les douleurs chez le patient.
Avant même une visite chez l’ORL, certains signes doivent alerter.
Pour une personne souffrant d’hyperacousie, le quotidien est grandement bouleversé. Il devient ainsi difficile de :
Ces conséquences de l’hyperacousie sont directement responsables d’une désocialisation du patient. Elle entraîne petit à petit un état de stress permanent, parfois accompagné d’anxiété et/ou de dépression.
Une personne souffrant d’hyperacousie va en effet intuitivement réduire ses activités, ses interactions sociales et ses sorties. Si cela contribue à calmer l’intolérance sur le moment, il ne s’agit pas pour autant d’une solution à long terme. Déjà en raison de l’isolement de la personne, ensuite parce qu’elle va alors évoluer dans un environnement artificiellement silencieux, ce qui ne fait qu’amplifier l’intensité sonore perçue dans des situations ordinaires.
Il n'existe actuellement pas de traitement réellement efficace pour soigner l'hyperacousie. La perte auditive accompagnant souvent l’hyperacousie est généralement irréversible, tout comme les acouphènes qui se prêtent mieux à une réhabilitation qu’à un traitement à proprement parler. Dans leur cas comme dans celui d’une hyperacousie, on dit d’ailleurs volontiers qu’ils sont davantage le symptôme d’un autre problème d’audition qu’une pathologie.
Certaines précautions aident heureusement à calmer l’hyperacousie. Pour un résultat optimal, il est cependant essentiel de se faire prendre en charge par un spécialiste de l’audition.
Une personne souffrant d’hypersensibilité aux sons peut dans un premier temps avoir recours à des protections auditives (bouchons d'oreille, casques anti-bruit). Elles ont l'effet immédiat de limiter la perception des sons et donc de réduire la gêne ressentie. Elles ne sont cependant pas une solution à long terme et peuvent même renforcer l'intolérance lorsqu'elles ne sont pas portées.
Ils ressemblent à des appareils auditifs classiques, mais ont la particularité de générer des bruits dont le porteur peut contrôler l'intensité afin de se réhabituer petit à petit à percevoir des sons ordinaires. Les générateurs de bruit diffusent généralement ce que l'on appelle du bruit blanc. Il s'agit de sons sans hauteur tonale et qui ne sont pas identifiables à un objet connu. Le bruit blanc est par exemple également utilisé pour tenter de réduire les acouphènes ou pour calmer les bébés. Il pourrait cependant contribuer à un vieillissement prématuré du cerveau. Un usage excessif est par conséquent déconseillé.
Si elle ne permet pas de traiter à proprement parler l'hyperacousie, la thérapie comportementale et cognitive (TCC) peut aider le patient à mieux comprendre ses symptômes et à les gérer, notamment grâce à des exercices de relaxation.
Ensemble, ces méthodes contribuent à réduire l’hypersensibilité sonore.
Oui, une bonne prise en charge de l’hyperacousie peut permettre un retour à une vie normale. Comme pour les acouphènes, elle va petit à petit permettre au patient de se réacclimater aux sons environnants. Le système auditif n’est pas réparé mais rééduqué de façon à parvenir à nouveau à traiter et à tolérer le bruit. La rééducation implique généralement le recours à l’ensemble des méthodes décrites ci-dessus (protections auditives, générateurs de bruit et thérapies comportementales et cognitives), en même temps ou simultanément, jusqu’à ce que le patient retrouve un niveau de confort acceptable.
Il est toutefois important de rappeler qu’une exposition progressive aux sons ordinaires ne suffit pas à soigner une hyperacousie. En cas de doute ou si vous souffrez d’hypersensibilité sonore, parlez-en à un ORL.