02.02.24
Des épisodes soudains de vertige, du bruit dans les oreilles et une perte auditive variable, d’un seul côté : tous ces signes sont caractéristiques de la maladie de Ménière. Ce trouble de l’oreille interne encore relativement méconnu peut s’avérer particulièrement gênant, d’autant qu’il reste difficile à diagnostiquer. Le traitement consiste ensuite principalement à réduire les symptômes, avec pour objectif principal de réduire la fréquence et l’intensité des crises. Voici tout ce qu’il y a à savoir sur la maladie de Ménière.
La maladie de Ménière, parfois appelée syndrome de Ménière, est une maladie qui a été décrite pour la première fois par le médecin français Prosper Ménière, au XIXe siècle. Il s’agit d’un trouble vestibulaire situé au niveau de l’oreille interne, la partie du système auditif qui régule l’équilibre et la perception spatiale en plus de jouer un rôle clé dans l'audition. La maladie de Ménière se caractérise par des épisodes récurrents de vertiges sévères, d’acouphènes, une perte auditive et une sensation d’oreille bouchée. Elle touche toutes les populations, avec une prévalence chez les femmes (60 à 65% des cas). Elle commence généralement à se manifester entre 25 et 50 ans et est rare chez les enfants et adolescents.
Une des particularités de la maladie de Ménière est d’être souvent associée à un hydrops endolymphatique (HE), une maladie de l'oreille interne qui entraîne elle aussi des vertiges rotatoires, des acouphènes et une surdité de perception généralement limitée à une seule oreille. La communauté scientifique n'a cependant pas encore déterminé avec précision si l'hydrops endolymphatique cause la maladie de Ménière ou en est une conséquence.
La maladie de Ménière n'est ni mortelle ni contagieuse. Pour la personne qui en souffre, elle peut néanmoins s'avérer particulièrement gênante en raison des crises de vertige qu'elle entraîne, des pertes d'équilibre et de l'importance de la perte auditive. Ces crises peuvent varier en intensité et en fréquence d’une personne à l’autre, affectant significativement la qualité de vie des patients, sans toutefois mettre la vie en danger.
La maladie de Ménière est une affection complexe dont les causes exactes demeurent méconnues. Plusieurs facteurs ont cependant été identifiés comme étant potentiellement liés à son déclenchement. Des anomalies dans le système vestibulaire semblent ainsi jouer un rôle central et plus particulièrement une présence excessive de liquide dans le sac endolymphatique.
Des facteurs génétiques sont également évoqués, avec une prédisposition héréditaire chez certains patients. Des problèmes de composition ou de pression des liquides à l’intérieur de l’oreille interne, au même titre que des problèmes de circulation sanguine mais aussi des infections virales ou bactériennes pourraient également être des déclencheurs potentiels.
Les symptômes de la maladie de Ménière se manifestent par épisodes de longueur et d’intensité variable. En moyenne, une crise dure entre 20 minutes et 12 heures, plus rarement jusqu’à 24 heures. Avant et après cela, la personne peut avoir une sensation d’oreille bouchée, avec une audition détériorée du côté concerné en fin de crise.
La combinaison et la sévérité de ces symptômes peuvent néanmoins varier d’un individu à l’autre. Cela rend le diagnostic d’autant plus difficile que ces symptômes ne sont pas spécifiques et peuvent évoquer d’autres troubles.
Plusieurs outils de diagnostic peuvent être utilisés pour confirmer la pathologie.
L’évolution de la maladie est très variable d’un patient à l’autre et se traduit par des phases, avec des périodes de poussées suivies d’accalmies plus ou moins longues. Les vertiges ont tendance à se stabiliser avec le temps, jusqu’à devenir de plus en plus rares.
Diagnostiquer la maladie de Ménière ne permet néanmoins pas de stopper la perte auditive ni les pertes d’équilibre. La plupart des personnes qui en souffrent perdent ainsi plus ou moins l’audition de l’oreille touchée dans les 10 à 15 années suivant l’apparition des symptômes. Dans certains cas, elle finit par toucher les deux oreilles, causant une surdité bilatérale.
Les options de traitement ont pour objectif principal de réduire les symptômes afin de bénéficier de la meilleure qualité de vie possible.
L’essentiel de la prise en charge de la maladie de Ménière se fait grâce à des médicaments et des séances de kinésithérapie contribuant à la rééducation vestibulaire. La chirurgie est plus rarement envisagée. Enfin, porter un appareil auditif reste la meilleure solution afin d’à la fois compenser la perte auditive, ralentir sa progression et diminuer les acouphènes.
Le médecin ORL peut prescrire différents types de médicaments dans le but d’espacer les crises et ainsi réduire les vertiges et la perte d’équilibre.
Certaines techniques de kinésithérapie permettent de rééduquer la fonction vestibulaire. Cela peut notamment être utile en cas de déplacement des cristaux de l’oreille interne. Il est toutefois utile de préciser que la prise en charge de la maladie de Ménière est avant tout médicamenteuse et que la rééducation vestibulaire nécessite une formation et du matériel adaptés. Elle doit donc être considérée en complément d’un suivi médical régulier et se faire auprès d’un kinésithérapeute spécialisé.
La chirurgie peut enfin être considérée en traitement de la Maladie de Ménière, toutefois rarement et principalement pour les formes les plus invalidantes. Il est alors notamment possible d’éliminer le liquide accumulé dans l’oreille interne par pose d'un drain transtympanique.
Lorsque les vertiges sont particulièrement gênants et les traitements médicamenteux inefficaces, le chirurgien peut envisager l’arrêt des épisodes par destruction de la partie vestibulaire de l'oreille interne. Cette solution n'est néanmoins envisagée que pour les cas avancés pour lesquels les symptômes restent incontrôlables via d'autres moyens moins destructifs. La destruction peut se faire chirurgicalement ou par administration d'antibiotiques (gentamicine) à travers le tympan. Il existe alors un risque conséquent d'empirer la perte auditive (15-20%).
En raison de ses symptômes, vertiges et acouphènes en tête, le syndrome de Ménière peut entraîner un stress important. Un suivi psychologique, s’il n’influence pas directement l’évolution de la maladie, est recommandé pour apprendre à vivre avec et mieux supporter les crises.
Il n'existe malheureusement pas de moyen de prévention efficace contre la maladie de Ménière. Un style de vie sain et une activité physique régulière peuvent néanmoins contribuer à espacer les crises et ainsi à mieux vivre avec ce syndrome.
Les excitants comme le café et l'alcool sont à éviter, tout comme une alimentation trop salée qui encourage la rétention d'eau. Pratiquer la sophrologie, avoir recours à des thérapies comportementales et cognitives ou à des exercices de relaxation peuvent également contribuer à réduire le stress et les acouphènes qu'il a tendance à encourager.