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Presbyacousie : définition, symptômes, causes et traitement

Presbyacousie

10.12.21

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À 60 ans, la presbyacousie touche 30% de la population. Cette proportion augmente à plus de 50% après 80 ans et touche les hommes un peu plus tôt que les femmes. Elle nous concerne donc tous, de près ou de loin. Pourtant, on la connaît souvent mal. Ce guide complet répond à toutes les questions courantes sur la presbyacousie, de ce qui la définit à ses causes avec une grande partie consacrée à sa prise en charge. Il est en effet possible de continuer à vivre le plus naturellement possible malgré la perte d’audition.

Qu’est-ce que la presbyacousie : définition simple

On peut très simplement définir la presbyacousie comme une dégradation naturelle du système auditif qui évolue avec l’âge et apparaît généralement après 50 ans. 

La presbyacousie n'est donc pas une maladie, mais est due au vieillissement "normal" de l'appareil auditif. Elle touche les deux oreilles et il s'agit par conséquent d'une surdité bilatérale progressive. Elle a en effet tendance à empirer avec l'âge. Cause la plus fréquente de surdité chez les personnes de plus de 50 ans, elle s'apparente à la presbytie pour les yeux (difficulté à voir de près due au vieillissement du cristallin). 

Quels sont les symptômes de la presbyacousie ? 

Bien entendre se traduit par la capacité à percevoir à la fois une plage de sons étendue (exprimée en fréquence et correspondant aux sons graves, médiums et aigus) et, pour chaque fréquence, un volume (le niveau sonore, en décibels) relativement faible. Une perte d’audition peut donc se traduire par une capacité moindre à percevoir les niveaux sonores les plus bas et/ou certaines fréquences. 

La presbyacousie fait partie de cette seconde catégorie et se traduit par une baisse auditive sur les fréquences les plus hautes (sons aigus). Elle ne se traduit donc pas forcément par une baisse quantitative, mais plutôt qualitative, du moins au début. 

Lorsque les aigus sont plus difficiles à percevoir, les mots sont également plus difficiles à reconnaître, surtout dans un environnement bruyant. Conséquence directe, la presbyacousie rend plus difficile la compréhension des consonnes sifflantes (S, Z, CH) et fricatives (F, V). Des difficultés à suivre une conversation se manifestent alors, notamment lorsque l'interlocuteur n'est pas physiquement présent, articule peu ou ne parle pas fort. La presbyacousie s’accompagne également fréquemment de l’apparition d’acouphènes

Avec le temps, elle s'étend progressivement aux fréquences plus graves. En moyenne, on constate une perte de 0,5 décibels (dB) par an à partir de 65 ans et de 1 dB par an à partir de 75 ans. Les hommes sont toutefois désavantagés avec une perte plus importante un peu plus jeune. Les femmes subissent les mêmes pertes, mais quelques années plus tard. 

Que se passe-t-il morphologiquement en cas de presbyacousie ?

Très concrètement, la presbyacousie se manifeste par une disparition de certaines cellules de l'oreille avec l'âge : les cellules ciliées. 

Les cellules ciliées sont réparties dans la cochlée dans ce qui forme un colimaçon, ou un escargot. Elles ne sont cependant pas disposées au hasard et leur position détermine directement les fréquences qu'elles permettent de percevoir. Ainsi, plus une cellule ciliée est à l'entrée du colimaçon et plus la fréquence qu'elle est capable de coder est élevée (sons aigus). De la même façon, plus une cellule ciliée est à l'intérieur de l'escargot et plus la fréquence qu'elle code est faible (sons graves). Un bilan auditif teste donc plusieurs fréquences afin de déterminer l'étendu de la perte auditive, généralement entre 20 et 20'000 Hertz (Hz). Les cellules ciliées liées aux fréquences aiguës étant à l'entrée, elles sont plus exposées au bruit en général et aux traumatismes sonores en particulier. Elles se détériorent par conséquent plus rapidement.

Quelles sont les causes et conséquences de la presbyacousie ? 

La presbyacousie étant due au vieillissement naturel de l’appareil auditif, sa principale cause reste l’âge. Elle n’est cependant pas la seule puisque certains facteurs à risque existent. Quel que soit l’âge auquel elle se manifeste, les conséquences peuvent être importantes. 

Causes

La presbyacousie peut se manifester plus ou moins tôt en fonction du style de vie et de l'environnement de la personne. Les facteurs à risque sont ainsi divers : 

  • Exposition au bruit, 
  • Capital génétique (prédisposition héréditaire), 
  • Problèmes vasculaires, 
  • Hypertension artérielle, 
  • Excès de cholestérol, 
  • Tabagisme, 
  • Etc.

Conséquences

Les symptômes de la presbyacousie empirent bien sûr avec l'âge et le temps, mais aussi l'absence de traitement approprié, d'où l'importance de consulter en cas de doute. Lorsque rien n'est fait pour lutter contre la presbyacousie, les nerfs auditifs perdent en effet en sensibilité, rendant la compréhension encore plus difficile. En plus des problèmes de communication, face émergée de l’iceberg, un risque de repli sur soi existe pouvant, à terme, mener à l’isolement de la personne. Dans les cas les plus avancés, on peut également constater l’apparition de troubles cognitifs (anxiété, dépression, changement de personnalité, perte de mémoire). 

Qui consulter en cas de presbyacousie ?

En cas de suspicion de presbyacousie, il convient de se tourner vers les spécialistes à consulter en cas de perte d’audition, quelle qu’elle soit. Il est possible de se renseigner dans un premier temps auprès de son médecin généraliste, ensuite un spécialiste va certainement devoir prendre le relai. 

Médecin ORL

Le médecin ORL, pour otorhinolaryngologiste, est le spécialiste du système auditif par excellence. Il est le passage obligé pour obtenir une prescription (appareillage notamment), basée sur un examen clinique, la prise en compte du style de vie et un bilan auditif complet, qu’il peut ou non réaliser lui-même.

Audioprothésiste

L’audioprothésiste peut réaliser un bilan auditif et est de toute façon le technicien chargé de la conception d'une éventuelle prothèse auditive. Il n'est cependant pas un médecin et ne peut pas réaliser de prescription. Il est possible de le consulter en premier par praticité et afin de confirmer ou non une presbyacousie. Si la perte auditive est avérée, il redirige dans tous les cas le patient vers un ORL afin de lui permettre d’obtenir une prescription adaptée. 

L’importance du bilan auditif

Le bilan auditif est essentiel pour dépister la presbyacousie, quantifier son étendue et décider des mesures à prendre pour ralentir sa progression. Deux types de tests sont généralement dispensés, en plus d’un examen clinique général : 

  • Audiométrie tonale : elle détermine les seuils de perception des sons, pour un certain nombre de fréquences prédéterminées. 
  • Audiométrie vocale : elle s’intéresse à la compréhension du langage et à la capacité du patient à distinguer les phonèmes (les consonnes, les voyelles et leur articulation). 

La lecture de l’audiogramme ORL, résultat de l’audiométrie tonale, permet ensuite de déterminer avec précision les fréquences perdues ainsi que le volume minimal toujours perçu. C’est grâce aux résultats obtenus par l’ORL ou l’audioprothésiste au cours du bilan auditif qu’il est ensuite possible de proposer un traitement adapté. 

Comment soigner la presbyacousie ?

Une fois les cellules ciliées détruites, il n’est pas possible de les réparer ni de les régénérer. C’est pour cela qu’une perte d’audition est irréversible dans de nombreux cas. La presbyacousie ne se soigne donc pas au sens strict. Il est cependant possible et même facile d’en ralentir la progression en même temps que l’on permet au patient de recouvrer tout ou partie de l’audition perdue. L’appareillage est alors la meilleure option de traitement. 

L’appareillage

Le recours à des prothèses auditives permet de travailler à l’atteinte de deux objectifs essentiels dans le traitement de la presbyacousie : 

  • Recouvrir tout ou une partie de l'audition
  • Ralentir la progression de la perte

En d’autres termes, l’appareillage n’est pas qu’une option de regain de confort, mais également un outil efficace pour éviter que les symptômes et donc leurs conséquences empirent. Il évite ou ralentit ainsi également l'apparition de troubles cognitifs. La perte auditive est en effet reconnue comme un facteur à risque pour certains troubles cognitifs apparaissant avec l'âge, dont la maladie d'Alzheimer ou les pertes de mémoire de manière plus générale. 

Là encore, la consultation d’un spécialiste et la réalisation d’un bilan auditif complet permettent de comprendre quand se faire appareiller. Il est donc important de se faire appareiller aussi tôt que possible une fois la presbyacousie diagnostiquée. 

Différents types d'appareillage contre la presbyacousie

Se faire appareiller implique d’accepter la perte d’audition, le vieillissement ainsi que le regard des autres sur la prothèse auditive. Des étapes importantes, mais pas toujours faciles à accepter, surtout au début. De nombreux progrès techniques viennent désormais faciliter la transition, avec des appareils plus puissants, faciles à manipuler et discrets. Deux types principaux sont envisageables. 

Contour d'oreille

Comme leur nom l’indique, ils contournent l'oreille. L'armature est alors plus épaisse pour les surdités profondes et plus fine pour les surdités plus légères. Ces appareils ont l’énorme avantage de convenir à tout type de perte auditive puisque leur taille leur confère une grande polyvalence (possibilité notamment d'implémenter un micro directionnel, un contrôleur de volume ou encore différents programmes). Ils sont de plus faciles à manipuler, même en avançant dans l'âge et/ou avec des problèmes visuels. Ils ne demandent également que peu d'entretien et ont une très bonne autonomie (jusqu'à deux semaines, selon les modèles). Ils sont par contre peu discrets

Intra-auriculaire

Les prothèses auditives intra-auriculaires se placent directement dans le conduit auditif, à l'intérieur de l'oreille donc, et proposent une audition très naturelle. Ils sont plus discrets et pratiques que les appareils contour d'oreille (notamment au téléphone, la prothèse ne faisant pas obstacle). Cette discrétion s'accompagne pourtant de quelques inconvénients puisqu'en plus de ne convenir qu'aux formes de surdité légères et moyennes, les appareils intra-auriculaires sont également plus difficiles à manipuler, à régler et à entretenir. Ils sont également en moyenne plus chers et doivent être rechargés tous les 4 à 5 jours. 

Combien de temps pour s'habituer aux prothèses auditives ?

Quel que soit le modèle choisi, la prothèse auditive reste un corps étranger avec lequel il faut apprendre à vivre. Tout appareillage nécessite par conséquent un temps d'adaptation, plus ou moins long selon l'étendue de la perte auditive. En moyenne, 3 à 4 jours suffisent néanmoins pour s’habituer à entendre sa propre voix de manière amplifiée. 

Si vous devez vous faire appareiller, demandez ainsi systématiquement en amont une période d'essai de quelques semaines afin de ne pas acheter un appareil qui ne sera pas parfaitement efficace et confortable (au niveau de l'embout comme de la position générale de la prothèse). Votre audioprothésiste est d’ailleurs tenu de vous proposer une période d’essai de 30 jours, qui peut être portée à 45 jours sur recommandation de votre médecin. Avant la fin de la période d’essai, aucune facturation ne doit être émise. 

Il existe aujourd'hui des appareils très performants, de plus en plus petits et discrets, de modèles différents. Ce n'est pas parce qu'un appareil en particulier ne vous convient pas que l'appareillage dans son ensemble est un échec.

Pourquoi appareiller les deux oreilles ?

Les médecins ORL recommandent généralement un appareillage des deux oreilles, même lorsqu'une oreille est davantage touchée par la presbyacousie que l'autre. Il y a de bonnes raisons médicales à cela. Du côté appareillé, le patient doit en effet composer à la fois avec un bénéfice auditif et une certaine gêne liée à l'appareillage (au début). De l'autre côté, cette sensation n'est pas présente, mais la qualité auditive est inférieure, ce qui représente également une source de gêne. Appareiller des deux côtés permet de profiter d'un bénéfice auditif bilatéral tout en aidant le cerveau à se réhabiliter plus rapidement aux sons recouvrés

Appareil auditif ou assistant d'écoute ?

Les assistants d’écoute sont disponibles en pharmacie ou sur Internet, sans ordonnance. La tentation est alors grande de simplement en acheter un et ainsi de passer outre les étapes menant à un appareillage personnalisé. Pourtant, le bénéfice est loin d’être équivalent. En effet, les assistants d’écoute ne permettent qu’une amplification légère (jusqu’à 20 dB), ne peuvent pas être réglés et ne s’accompagnent d’aucun suivi. Moins chers, ils ne sont cependant pas du tout pris en charge alors qu’il est possible de se faire entièrement rembourser ses prothèses auditives. Le recours à un appareil auditif est donc très largement à privilégier dans le cadre d’une presbyacousie, autant pour des raisons de santé que de budget.