24.07.23
Longtemps chasse gardée des audioprothésistes, l’appareil auditif s’achète désormais également en pharmacie. Du moins, c’est ce que montrent les apparences. Mais elles sont trompeuses. Plus simples d’accès (ils ne requièrent pas d’ordonnance) et moins chers, les modèles des pharmacies ne sont pas forcément adaptés à votre problème auditif. Alors, à qui s’adressent-ils, quand les considérer et comment se procurer une prothèse auditive sans se ruiner ? Réponse dans cet article.
En apparence, les prothèses auditives disponibles en pharmacie ressemblent en tout point à celles que vous pouvez trouver chez les audioprothésistes. Pourtant, quelques différences majeures les séparent. Techniquement, il s’agit d’ailleurs davantage d’assistants d’écoute que d’appareils auditifs.
Les appareils auditifs des pharmacies sont prêts à l'emploi, le pharmacien n'a qu'à ajuster le volume afin d'augmenter le confort auditif du client.
Il s'agit de la première et plus importante différence entre les assistants d’écoute et les prothèses classiques. Les modèles des pharmacies ne sont au final que des amplificateurs sonores. Au contraire, une aide achetée auprès d’un audioprothésiste est conçue et réglée sur mesure pour chaque patient. Cette personnalisation concerne aussi bien le problème auditif (réglage du volume pour chaque plage de fréquences, reconnaissance des voix, etc.) que la forme et la taille du pavillon de chacune des oreilles appareillées (moulage de l’embout).
La simplicité sur le plan technique d’un assistant d’écoute permet de le vendre à un prix beaucoup plus bas. Cela contribue largement à son attractivité.
La cible assumée des appareils auditifs vendus en pharmacie est les personnes dont l'audition commence à diminuer en raison de l'âge. Elles visent donc avant tout les débuts de presbyacousie, lorsque la perte auditive est encore relativement faible, mais déjà gênante.
Ce phénomène est naturel et apparaît avec l'âge. Il ne s'agit donc pas d'une maladie. L'idée est donc de simplifier l'accès à une correction à ces personnes, autant dans la démarche que dans le prix. Côté démarche, elle est certes plus simple puisqu'il suffit de se rendre en pharmacie. Nul besoin de passer par un ORL ni même un médecin généraliste pour réaliser un bilan auditif et obtenir une ordonnance : en pharmacie, l'appareil est en vente libre. Cela signifie également que le pharmacien n'est ni tenu ni d'ailleurs habilité à proposer un diagnostic ou un suivi personnalisé. Il ne fait pas non plus passer de test d’audition avant achat.
Par extension, cela signifie qu'il est tout à fait possible que l'aide achetée ne corresponde pas à votre problème auditif.
L'argument du prix est lui aussi à nuancer.
En pharmacie, un appareil auditif coûte en moyenne 300 € par oreille. Le prix moyen d’un appareil auditif classique, toutes catégories confondues, est quant à lui de 1 500 € par oreille. La différence est donc significative, mais cela serait oublier que nous parlons ici d’aides d’entrée de gamme, sans autre option que d’augmenter ou diminuer manuellement le volume de l’amplification.
À la différence d'un appareil auditif sur prescription médicale, vendu chez un audioprothésiste, celui des pharmacies n'est cependant pas pris en charge par la sécurité sociale. Il ne s’accompagne donc d’aucun remboursement et est donc entièrement à la charge de son acheteur.
Il existe pourtant des appareils plus performants et entièrement remboursés par l’assurance maladie et les complémentaires.
En France, les appareils auditifs sont remboursés pour peu qu’ils répondent à quelques conditions. La première d’entre elles est de suivre la prescription d’un professionnel de santé (ORL ou généraliste) et donc d’avoir une ordonnance. Ensuite, il faut que le précédent remboursement de la sécurité sociale date d’au moins quatre ans.
Le montant de la prise en charge dépend quant à lui du type d’appareil choisi :
La bonne nouvelle est qu’en cas de prescription médicale, l’audioprothésiste est tenu de proposer au moins une offre éligible au reste à charge 0. Quel que soit votre problème auditif, il existe donc un appareil de classe I qui peut le corriger. Les options sont généralement limitées par rapport à un appareil de classe II, mais elles restent plus nombreuses et, surtout, mieux adaptées au problème d’audition qu’avec un assistant d’écoute vendu en pharmacie. Dans ce cas, l’achat des piles est également pris en charge.
Pour résumer, les appareils auditifs en pharmacie sont comparables aux lunettes de lecture. Il s'agit d'un produit simple, prêt à l'emploi et dont l'objectif est de satisfaire le plus grand nombre, sans toutefois proposer de solution personnalisée. Quel que soit le type d’appareillage sélectionné, il est donc important de faire contrôler régulièrement votre audition par un professionnel de santé (un ORL ou, a minima, un audioprothésiste). En cas de (suspicion) de perte d’audition, il est le seul à pouvoir poser un diagnostic fiable et décider si un appareillage est nécessaire ou non.
Vous souhaitez aller plus loin ? Découvrez quand se faire appareiller en cas de presbyacousie.