18.10.22
Quand est-ce qu'une personne qui n'entend pas correctement est sourde ou malentendante ? Voilà une question légitime tant les termes employés sont souvent interchangés et parfois contradictoires. D'ailleurs, lorsque l'on s'intéresse d'un peu plus près au sujet, on se rend rapidement compte qu'il y a presque autant de définitions que de définisseurs. Selon que l'on considère le critère médical, culturel ou que l'on demande aux personnes concernées comment elles s'identifient, les réponses sont en effet très variées. Alors, la différence entre sourd et malentendant existe-t-elle et, si oui, quelle est-elle ?
On pense souvent que sourd et malentendant sont des termes bien distincts, évoquant des problèmes d'audition différents. En suivant cette logique, une personne sourde n'entendrait pas du tout alors qu'une personne malentendante entendrait tout simplement moins bien. Ce clivage franc entre les deux termes n'est cependant pas entendu de tous.
On parle ainsi, paradoxalement, de degrés de surdité.
Selon cette échelle, on peut donc être plus ou moins sourd et, d’ailleurs, avoir une audition dite normale ne correspond pas forcément exactement aux mêmes capacités d’un individu à l’autre. Être malentendant reste donc une notion relativement abstraite.
Pour savoir dans quelle catégorie une personne sourde/malentendante se situe, il est par conséquent nécessaire de calculer la perte auditive.
Là encore, les avis divergent parfois, mais la plupart s'accordent néanmoins pour englober à la fois la surdité et le fait de mal entendre sous un seul et même terme : la déficience auditive. Une personne souffre alors d'une déficience auditive dès lors qu'elle n'entend pas aussi bien que ce que l'on considère comme la norme. Le terme est donc généraliste et englobe tous les problèmes causant une perte auditive légère, moyenne, sévère ou totale. L'oreille externe, l'oreille moyenne, la cochlée ou le nerf auditif peuvent indifféremment être concernés.
Il faut ajouter à cela le fait qu’il existe, sur le plan médical, plusieurs types de surdité. Ils sont cette fois distingués en fonction de la partie du système auditif touchée et non plus du degré de surdité (surdité de perception, de transmission ou surdité mixte).
Un des grands défis des sourds et malentendants est de parvenir à communiquer normalement, et ce que leur interlocuteur soit entendant ou non. La différence entre les sourds et malentendants se fait donc parfois également en fonction de leur façon de communiquer.
Certains sourds/malentendants utilisent ainsi la langue des signes (ou LSF, pour langue des signes française). Elle peut être apprise par tous, y compris par des personnes avec une audition normale. Lorsqu’elle est apprise pour pallier une perte d’audition, elle concerne souvent des sourds de naissance ou des personnes ayant perdu l’audition assez jeune (souvent avant l’apprentissage de la parole). Il est en effet dans ce cas beaucoup plus difficile d’apprendre à parler puisque la personne n’a pas de référence et ne peut pas entendre correctement les sons qu’elle produit.
En complément, pour les personnes qui n’entendent pas correctement mais suffisamment pour comprendre la parole ou pour celles qui ont un jour entendu davantage, la lecture labiale est un outil d’une grande importance. Elle est parfois complétée de gestes des mains qui favorisent la compréhension. On parle alors de LPC, pour langue française parlée complétée.
Enfin, de nombreux problèmes d’audition peuvent être corrigés grâce à des prothèses auditives. Dans de nombreux cas, l’appareillage permet de retrouver une audition normale. Pour les surdités les plus sévères, il permet au moins d’amplifier suffisamment certains sons pour favoriser la communication et éviter l’isolement social. Un implant cochléaire peut également améliorer l’audition des enfants nés sourds ou, plus généralement, des personnes dont la surdité est provoquée par l’absence ou la détérioration de cellules ciliées.
Dans tous les cas, le médecin ORL et l’audioprothésiste sont les personnes de contact à privilégier en cas de surdité. Ils peuvent en effet vous faire passer un bilan auditif complet et vous conseiller quand porter un appareil auditif.
Finalement, précisons que se définir sourd ou malentendant est également, et avant tout, un ressenti personnel. Ainsi, certaines personnes n’entendant pas ou très peu préfèrent se présenter comme malentendantes quand d’autres préfèrent se dire Sourds. Avec une majuscule au début de sourd. Au contraire, certains malentendants se disent sans hésitation sourds.
Le mot choisi tient donc au sentiment de chacun, souvent au moins en partie provoqué par les aprioris que l’on peut avoir des deux termes qui sont, qu’on le veuille ou non, connotés. À chaque sourd/malentendant la liberté de s’exprimer et, aux autres, celle de les respecter.