29.07.22
En créant une hyperpression dans l’oreille interne, l’hydrops endolymphatique cause à la fois des problèmes d’équilibre et une perte d’audition, souvent accompagnée d’acouphènes. Si son origine est encore mal comprise, il est néanmoins souvent associé à une maladie de Ménière et ne doit pas être pris à la légère. Voici de quoi mieux le comprendre.
L'hydrops endolymphatique, ou HE, correspond à un élargissement de l'espace endolymphatique. Ce "sac" est en fait une partie de l'oreille interne, qui ne contribue pas directement à l'audition et a un rôle encore mal compris. Il semble néanmoins clair qu'il contribue à réguler le volume et la pression de l'endolymphe, un liquide riche en potassium dans lequel baignent les cellules ciliées de l'oreille interne. Il contribue également à la défense immunitaire de l'oreille interne et à l'élimination des débris qui peuvent s'y déposer.
En cas d'hydrops endolymphatique, le volume de l'endolymphe est élargi, créant une augmentation de la pression dans l'oreille interne. Des vertiges, des sons parasites dans les oreilles et une perte d'audition peuvent alors apparaître subitement. Parfois, les crises d'hydrops endolymphatiques impliquent un déséquilibre sans perte auditive, ou avec une perte auditive fluctuante due à la présence excessive de liquide dans l'oreille interne. Dans d'autres cas, la perte de l’audition est irréversible et l'hydrops peut être le signe d'une maladie de l’oreille interne : le syndrôme de Ménière.
L’oreille interne se compose de deux parties principales : la cochlée, responsable de l’audition, et le vestibule, acteur majeur de l’équilibre. L’hydrops comme la Maladie de Ménière sont ce que l’on appelle des maladies cochléo-vestibulaires. Il n’est ainsi pas rare de lire les termes voisins d’hydrops cochléo-vestibulaire (relatif à la cochlée et au vestibule) ou d’hydrops labyrinthique, le labyrinthe étant la partie la plus interne de l’oreille.
Il n’est pas encore clair si l’hydrops endolymphatique peut causer une maladie de Ménière ou si, au contraire, il n’est qu’une conséquence de la maladie, au même titre que ses principaux symptômes. Ce qui est néanmoins établi est que l’hydrops se retrouve systématiquement chez les personnes atteintes de maladie de Ménière. Il est ainsi possible d’expliquer bon nombre des symptômes de la maladie de Ménière par la présence de l’hydrops et son influence à la fois sur l’audition et le sens de l’équilibre.
Intéressons-nous justement un instant aux causes et symptômes de l’hydrops endolymphatique.
Les causes de l’hydrops endolymphatique sont encore peu connues et difficiles à identifier. On sait que l’accumulation de liquide et l’augmentation du volume du sac endolymphatique en sont à l’origine. L’hyperpression reste néanmoins difficile à expliquer. Plusieurs causes différentes pourraient l’expliquer :
Les causes immunitaires et infectieuses restent cependant privilégiées. Les causes environnementales et génétiques seraient alors plutôt des facteurs aggravants que déclencheurs.
Les symptômes de l’HE sont quant à eux mieux connus.
La plupart du temps, la perte auditive ne concerne qu’une oreille. Dans un peu moins d’un tiers des cas, elle est bilatérale et touche donc les deux oreilles. Il est également important de préciser qu’entre deux crises, les patients atteints d’HE sont généralement asymptomatiques, ce qui peut rendre le diagnostic plus délicat.
Le diagnostic d’un HE se fait bien souvent par élimination. Une fois certains troubles plus courants et/ou faciles à diagnostiquer écartés, il ne reste que l’hydrops. Certains examens permettent heureusement, et de plus en plus précisément, de comprendre l’origine des symptômes.
Un bilan auditif complet est ainsi vivement recommandé. Totalement indolore, il est réalisé par un médecin ORL ou un audioprothésiste afin de déterminer s’il y a perte d’audition ainsi que son étendue. Une surdité concernant principalement les fréquences les plus basses (sons graves) est notamment un signe que l’HE et la maladie de Ménière ne sont pas à écarter.
Il est désormais également possible d’identifier l’hydrops grâce à l’imagerie médicale, en faisant passer au patient un simple examen IRM, avec ou sans injection selon les symptômes observés (type de surdité et de vertiges notamment).
D’autres examens paracliniques peuvent enfin contribuer à confirmer un diagnostic, notamment à travers une exploration vestibulaire ou l’étude de l’activité du nerf auditif entre la cochlée et le cerveau.
Selon le type d’hydrops identifié et la présence ou non de Maladie de Ménière, plusieurs traitements sont envisageables.
Face à un HE, la réaction la plus commune est de traiter les symptômes, et ainsi soulager les crises. Le but premier est donc de réduire à la fois la sensation de vertige, les bourdonnements dans les oreilles et la perte d’audition. Pour cela, les traitements médicamenteux sont les plus courants. Ils se basent sur des prescriptions de diurétiques, de corticoïdes ou d’antihistaminiques.
Si ce traitement de base de suffit pas, une solution plus agressive peut être envisagée. Elle se base alors sur l’exploitation de la toxicité de certains médicaments sur le vestibule comme la gentamycine. Cet antibiotique et quelques autres proposent en effet d’excellents résultats sur l’hydrops. Ils font néanmoins partie des médicaments à éviter en cas d’acouphènes et peuvent causer une maladie de Ménière bilatérale. Il ne s’agit donc jamais du traitement de premier choix.
En dernier recours, il existe des solutions chirurgicales, envisagées pour les formes aiguës chez certains patients pour lesquels les traitements classiques ne fonctionnent pas. Elles consistent à drainer l’excès d’endolymphe (shunt), à sectionner le nerf du vestibule ou, en dernier recours, à retirer le labyrinthe, provoquant au passage une surdité totale et définitive.
Dans tous les cas, il est recommandé d’opter pour un style de vie sain (réduction du sel, du sucre et des excitants principalement). Porter un appareil auditif, en plus de pallier la perte auditive, permet enfin de réduire d’autres symptômes de l’hydrops endolymphatique comme les acouphènes.