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Reconnaître et traiter le vertige positionnel paroxystique bénin

Audition

15.12.23

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Le vertige positionnel est le plus courant de tous les vertiges, mais aussi l’un des plus désagréables puisqu’il fait violemment tourner l’environnement de la personne qui en souffre. Pas forcément dangereux, il n’en est pas moins impressionnant. Voici toutes les informations utiles pour comprendre ce qui le provoque, comment le reconnaître et comment l’arrêter.

Qu'est-ce qu'un vertige positionnel ?

Le vertige positionnel est parfois appelé vertige positionnel paroxystique bénin, VPPB ou vertige positionnel bénin. Il s’agit d’un trouble vestibulaire fréquent, caractérisé par des épisodes récurrents de vertiges déclenchés par des changements de position de la tête, en se tournant dans le lit ou en levant la tête pour attraper quelque chose sur une étagère, par exemple. Il résulte généralement de la présence de cristaux de carbonate de calcium, appelés otolithes, dans les canaux semi-circulaires de l’oreille interne. Dans le langage courant, on parle plus volontiers de déplacement des cristaux de l’oreille interne

Un épisode dure généralement moins d'une minute et, pendant ce temps, l'environnement semble bouger ou tourner autour du patient. 

Est-ce grave ?

Le vertige positionnel est sans conteste dérangeant et peut être impressionnant. Il n'est néanmoins pas grave, d'où son nom complet de vertige positionnel paroxystique bénin. Bien que particulièrement désagréable, il disparaît souvent de lui-même. Le cas échéant, il peut être traité par des manœuvres simples, en une ou deux séances. 

Symptômes courants

Les symptômes liés au vertige positionnel sont facilement reconnaissables. Ils peuvent varier en intensité selon les patients et les épisodes. 

  • Vertiges paroxystiques : sensation intense de rotation ou de mouvement, généralement déclenché par des changements de position de la tête (se lever brusquement, se pencher en avant, tourner la tête rapidement). 
  • Nausées : les VPPB sont souvent accompagnés de nausées, voire de vomissements, principalement pendant les épisodes de vertige. 
  • Problèmes d’équilibre : les personnes atteintes de vertiges positionnels peuvent ressentir un sentiment général de perte d’équilibre, même en dehors des épisodes. 
  • Nystagmus (mouvement rythmique involontaire des yeux) : s’il n’est pas systématique, le nystagmus touche les deux yeux. Il peut se caractériser par un mouvement involontaire des yeux circulaire, de haut en bas ou d’un côté à l’autre. 

Causes des vertiges positionnels paroxystiques bénins

La plupart du temps, les vertiges positionnels se déclenchent lorsque les otoconies présentes dans l'utricule et la saccule (les organes otolithiques de l'oreille interne) migrent vers le système vestibulaire, une autre partie de l'oreille interne. Généralement, c'est le canal semi-circulaire postérieur qui est atteint. Ces particules de calcium, désormais au mauvais endroit, se déplacent alors en cas de changement de position de la tête. Le canal semi-circulaire est anormalement stimulé et déclenche l'épisode de vertige. 

Plusieurs causes peuvent expliquer ce déplacement : 

  • Âge
  • Otite
  • Choc au niveau de l'oreille ou de la tête
  • Chirurgie de l'oreille
  • Alitement prolongé

Certains troubles s'accompagnent également parfois de VPPB. C'est notamment le cas de la maladie de Ménière, des obstructions au niveau du système sanguin de l'oreille interne ou de tumeurs du système nerveux central. Il est donc essentiel de consulter un médecin généraliste ou ORL afin d’établir un diagnostic. Il pourra confirmer l’origine des vertiges, en plus de s’assurer de l’absence d’une autre maladie de l’oreille interne

Diagnostic

Un simple examen clinique et la description des symptômes suffisent généralement à mettre sur la piste de vertiges positionnels. Pour valider le diagnostic, le médecin utilise souvent la Manoeuvre de Dixe et Hallpike. Au besoin, le diagnostic peut également être confirmé grâce à l'imagerie médicale (IRM avec injection de gadolinium). L'IRM permet alors d'écarter la cohabitation des VPPB avec d'autres troubles qui pourraient, eux, présenter un danger pour la santé du patient. 

La manœuvre de Dixe et Hallpike

La manœuvre de Dix-Hallpike est un test diagnostique largement utilisé pour déclencher les symptômes caractéristiques du vertige paroxystique positionnel bénin. 

  1. Le patient est assis sur une table d’examen, les jambes pendantes, de façon à ce que sa tête ne soit pas appuyée sur la table en position allongée.
  2. Le praticien aide le patient à se mettre rapidement à l’horizontale, sa tête en dessous du plan horizontal et tournée à 45° vers le côté à tester. 
  3. Le patient fixe les yeux sur un point prédéterminé (la fixation peut raccourcir ou empêcher le nystagmus). 
  4. Le patient est replacé en position assise, puis la manœuvre est répétée de l’autre côté. 
  5. Le patient est enfin allongé face vers le bas. 

Tout au long du procédé, le médecin observe la position des yeux du patient pour détecter le nystagmus. Si le VPPB est présent, la manœuvre de Dix et Hallpike provoque en effet des symptômes de vertige et de nystagmus. Un test rotatoire couché peut compléter le diagnostic et aider à identifier le ou les canaux semi-circulaires responsables des vertiges. 

Comment faire pour arrêter un vertige positionnel ?

Pour soigner les vertiges de l’oreille interne, il est important d’en connaître l’origine, d’où l’importance du diagnostic. Généralement, le médecin ne prescrit pas de traitement médicamenteux. Les médicaments sont en effet dans ce cas peu efficaces et peuvent, au contraire, empirer les symptômes. 

Souvent, les vertiges disparaissent d’eux-mêmes. En attendant que les cristaux se remettent en place, des gestes simples peuvent aider à soulager l’oreille interne. Pour cela, il suffit de s’allonger sur le dos dès les premiers signes en surélevant la tête et le haut du dos (tête légèrement vers l’arrière). Tourner très lentement la tête vers un côté, puis l’autre avant de se relever tout aussi lentement aide, si ce n’est à arrêter le vertige, tout du moins à en limiter l’intensité. 

Si les vertiges ne disparaissent pas ou si les symptômes sont trop désagréables, le traitement le plus efficace consiste en des manipulations simples, dont la technique exacte dépend de la zone du système vestibulaire dans laquelle ont migré les cristaux. L'une des plus courantes est la manœuvre d'Epley. 

La manœuvre d'Epley

La manœuvre de repositionnement des canalithes (MRC) d’Epley est un remède simple au vertige positionnel. Une ou deux séances suffisent dans la plupart des cas. Comme pour le test de Dixe et Hallpike, elle consiste à déplacer le corps et la tête du patient dans des positions spécifiques, les unes après les autres. Chaque position est maintenue environ 30 secondes afin de permettre aux cristaux de sortir progressivement du canal semi-circulaire. Si le vertige ne se déclenche plus, la manœuvre a fonctionné. Il est toutefois recommandé de ne pas s’allonger totalement pendant un à deux jours afin d’empêcher une nouvelle migration des cristaux.  

Les autres manœuvres pour arrêter les VPPB

En complément de la manœuvre d'Epley, plusieurs autres techniques ont été développées pour traiter les vertiges positionnels en ciblant spécifiquement les canaux semi-circulaires affectés. Pour le canal postérieur, la manœuvre de Sémont peut être utilisée, impliquant une série de mouvements de rotation de la tête pour déloger les cristaux indésirables. La manœuvre de Lempert (dite rotation barbecue) et la manœuvre de Gufoni sont adaptées au canal latéral et impliquent une position latérale du patient suivie d'un mouvement de retournement. Enfin, la manœuvre de Yacovino est conçue pour traiter le canal antérieur et implique une combinaison de rotations de la tête et de mouvements du corps.