24.06.22
Pour près de 20% des personnes souffrant d’acouphènes chroniques, écouter du bruit blanc permettrait de faire disparaître l’essentiel de la nuisance sonore. Pourtant, l’action exacte de ce son semblant tout droit sorti d’une radio ou d’une télé déréglée est encore mal comprise. Nous vous expliquons ici ce qu’est le bruit blanc, comment il peut agir sur les acouphènes dans le cadre d’une thérapie sonore et les bons réflexes à avoir si vous souhaitez l’utiliser.
Lorsque l'on écoute un bruit blanc pour la première fois, on a tout simplement l'impression d'avoir allumé une radio mal réglée. Le décrire reste difficile, mais on peut le comparer au souffle du vent ou au bruit de l'aspirateur, en moins régulier toutefois.
Sur le plan mathématique, on peut plus facilement le comparer à la lumière blanche. Si cette dernière est un mélange de toutes les fréquences lumineuses, le bruit blanc est son équivalent sonore puisqu'il possède la même densité spectrale de puissance à toutes les fréquences. Plus simplement, le bruit que l'on entend est une combinaison aléatoire de toutes les fréquences sonores en même temps. D'où cette sensation de chaos pourtant relativement organisé.
Il existe d'ailleurs également des bruits d'autres "couleurs" (rose, brun, bleu, violet, etc.). Ils sont généralement définis en fonction de la bande passante qu'ils utilisent. Le bruit rose contient ainsi moins de fréquences élevées et est par conséquent plus doux. Au contraire, le bruit bleu est une sorte de bruit blanc à hautes fréquences. Selon l'effet recherché, l'écoute de l'un ou l'autre de ces différents bruits peut donc être plus ou moins adaptée et plus ou moins masquer les sons parasites.
Nous vivons dans un monde de plus en plus bruyant. Entre nuisances sonores (circulation, travaux), hypersensibilité aux sons (hyperacousie) et acouphènes, nombreuses sont les personnes à la recherche d’un peu de repos auditif. Le bruit blanc semble alors pouvoir nous aider à mieux supporter les sons nuisibles, qu’ils proviennent de notre environnement ou d’un trouble de l’audition. Il est ainsi notamment utilisé pour trouver le sommeil plus facilement, se détendre ou apaiser les bébés qui n’arrivent pas à s’endormir.
Dans le cas de l’acouphène, le bruit blanc est tout simplement un moyen de se focaliser sur autre chose, et ainsi de détourner notre cerveau des sons parasites dans l’oreille, qu’il s’agisse d’un sifflement, de bourdonnements, ou des battements cardiaques dans le cadre d’acouphènes pulsatiles. Contre-intuitivement, ajouter du bruit est plus parfois efficace que le calme lorsque l’on souhaite reposer ses oreilles. De la même manière qu’un robinet qui goutte ou qu’une ventilation mécanique mal réglée est beaucoup plus problématique le soir au coucher que durant les activités de la journée, l’écoute de bruit blanc vient masquer, au moins en partie, l’acouphène, et limiter l’irritation de la personne acouphénique.
Les thérapies sonores à bruit blanc (ou rose, ou brun, etc.) sont régulièrement recommandées aux personnes souffrant d’acouphènes. S’il existe des traitements médicamenteux efficaces dans certains cas, il n’est en effet pas toujours possible de soigner des acouphènes. Le bruit blanc s’impose alors comme une alternative plus naturelle qui, si elle ne suffit généralement pas à guérir l’acouphène, accompagne leur hôte dans son quotidien. Des crises plus espacées, de niveau moins intense, sont alors déjà ça de pris.
Généralement, ce genre de thérapies sonores consiste à écouter quotidiennement des bruits blancs, généralement environ deux heures par jour, et ce durant 6 à 12 semaines consécutives. En s’habituant à ce nouveau son, le cerveau cesse petit à petit de se focaliser sur l’acouphène, réduisant au passage le stress et l’anxiété liés.
Il existe différents moyens d’utiliser le bruit blanc lorsque l’on a des acouphènes :
Dans tous les cas, il est cependant important de ne pas écouter du bruit blanc constamment, ni à trop fort volume et, en cas d’acouphène ou autre problème auditif, de consulter au préalable un spécialiste de l’audition (médecin ORL ou, a minima, un audioprothésiste).
Il existe en effet quelques limites à cette pratique.
Il est important de noter noir sur blanc que l’utilisation de bruits neutres dans le cadre du traitement des acouphènes n’est pas unilatéralement validée par la sphère médicale. En effet, si près de 20% des personnes souffrant d’acouphènes chroniques et suivant ce genre de thérapie sonore obtiennent d’excellents résultats, plus d’un tiers déclarent ne constater aucune amélioration.
Une étude de 2018, publiée conjointement par des neuroscientifiques de l'Université de Californie et une chercheuse spécialisée dans le fonctionnement cérébral, évoque également de potentiels effets indésirables à long terme. Si l’efficacité des bruits blancs à court terme n’est pas remise en question, l’étude met en évidence le risque de compromission de l’intégrité fonctionnelle et structurelle du système auditif central. À long terme, cela pourrait par lien de cause à effet avoir des conséquences sur le cerveau.
Si vous ou une personne de votre entourage envisage le recours à une thérapie sonore, il est donc essentiel d’aller consulter un spécialiste. Il sera à même de diagnostiquer les acouphènes (ou autre), puis de prescrire un traitement adapté et sans danger pour la santé de son patient.