Traumatisme sonore : comprendre, prévenir et traiter

Qu'est-ce qu'un traumatisme sonore ?

Le traumatisme sonore est une atteinte de l’audition provoquée par une exposition à des sons d’une intensité excessive. Le seuil de danger pour l'oreille humaine est fixé à 85 décibels (dB), l’équivalent des aboiements d'un chien ou des pleurs d'un bébé. Au-delà de 120 dB, comme à proximité d'un circuit de formule 1 ou à une centaine de mètres du réacteur d'un avion au décollage, le son devient douloureux et peut causer des lésions auditives. 

Deux types de traumatismes sonores

Les traumatismes sonores se divisent en deux catégories principales. 

• Traumatisme aigu : il survient de manière soudaine après une exposition à un bruit intense, comme une explosion ou un coup de feu. Ce type de traumatisme est souvent lié à des événements accidentels et provoque des dégâts immédiats à l’audition. 
• Traumatisme chronique : il résulte d’une exposition prolongée à des niveaux sonores élevés, comme lors de concerts répétés sans protection auditive ou de travail dans un environnement bruyant. Ce type de traumatisme s’installe progressivement et peut mener à une perte auditive durable. Dans ce cas, la cause est néanmoins comportementale et la prévention est possible. 

Quelles sont les conséquences d'un traumatisme acoustique ?

Un traumatisme sonore endommage ou détruit une partie des cellules ciliées de l’oreille interne, responsables de la conversion des vibrations sonores en signaux électriques envoyés au cerveau. Ces cellules ne peuvent pas être réparées ou régénérées, leur destruction peut donc entraîner une perte auditive irréversible. En plus de la surdité, d'autres troubles de l'audition peuvent se manifester, comme des acouphènes ou de l'hyperacousie (sensibilité anormale au bruit). 

Selon les cas et les individus, plusieurs symptômes peuvent se manifester, avec des signes évocateurs qui peuvent coexister, alterner ou apparaître de manière isolée. 

Symptômes liés à un traumatisme sonore

• Surdité brusque, totale ou partielle
• Céphalées (maux de tête)
• Acouphènes
• Vertiges
• Fatigue auditive
• Otalgie (douleurs à l'oreille, notamment en cas de perforation du tympan)
• Sensation d'oreille bouchée
• Hyperacousie

Comment agir suite à un traumatisme sonore ?

Face à un traumatisme sonore, une intervention médicale rapide est cruciale. En effet, plus la prise en charge est précoce et meilleures sont les chances de récupération. Il est ainsi  impératif de consulter un médecin généraliste ou un spécialiste ORL dans les 24 heures suivant l'apparition des premiers symptômes, surtout en présence de surdité brusque ou d'acouphènes, qui peuvent devenir permanents sans traitement approprié. 

Dans la majorité des cas, les chances de rétablissement sont maximales dans les premières 24 heures, diminuent après trois jours et deviennent faibles au-delà de trois semaines. Il s’agit toutefois de durées indicatives, variables selon les individus et la gravité du traumatisme. 

Diagnostiquer un traumatisme sonore

• Examen clinique (otoscopie) : il consiste à observer le conduit auditif externe ainsi que la membrane du tympan pour repérer une éventuelle obstruction ou perforation de la membrane tympanique. 
• Bilan auditif : il implique notamment de réaliser une audiométrie tonale, permettant de dessiner l’audiogramme du patient. Une encoche sur l'audiogramme à 3000, 4000 ou 6000 Hz avec récupération à 8000 Hz est ainsi souvent caractéristique d'une perte auditive liée au bruit. L'emplacement exact de cette encoche dépend à la fois de paramètres externes (fréquence du bruit responsable) et de caractéristiques anatomiques (longueur du conduit auditif notamment). 
• Mesure de la tension artérielle : l'hypertension peut expliquer la présence d'acouphènes pulsatiles (entente de son propre battement cardiaque dans les oreilles). 

Quels sont les traitements disponibles ?

Le traitement d’un traumatisme sonore repose principalement sur du repos auditif, consistant à rester dans un environnement silencieux afin de permettre aux oreilles de se reposer. Des médicaments peuvent quant à eux réduire l’inflammation et améliorer la circulation sanguine dans l’oreille interne afin d’encourager la récupération. En cas de lésions sévères des structures de l’oreille, une intervention chirurgicale peut être envisagée. 

• Repos auditif : dans un endroit calme et silencieux. 
• Médicaments : corticoïdes et/ou vasodilatateurs, par voie orale ou intraveineuse. 
• Intervention chirurgicale : lorsque les structures internes de l'oreille sont touchées. 
• Oxygénothérapie : cette technique consiste à placer le patient dans un caisson hyperbare pour lui faire respirer de l'oxygène pur, dont la pression est supérieure à la pression atmosphérique. Son utilisation est néanmoins controversée et seulement envisagée par certains ORL en cas de traumatisme sonore aigu. 

Comment éviter les traumatismes sonores ?

Prévenir les traumatismes sonores est essentiel pour protéger son audition à long terme. Il est également important de ne pas oublier qu’il peut également avoir une influence sur la vie quotidienne au-delà de la baisse d’audition. Prendre soin de sa santé auditive au quotidien, c’est aussi prévenir les risques d’isolement, d’anxiété et de réduction des capacités professionnelles liées à une perte auditive non traitée.  

S’il est difficile voire impossible de prévenir un traumatisme sonore aigu, généralement accidentel, il est par contre possible de se protéger contre les traumatismes chroniques par des gestes simples. L’objectif est toujours le même : limiter son exposition à des niveaux sonores élevés. 

Les bonnes pratiques à adopter

• Éviter de s'exposer à des sons de forte intensité
• Porter des bouchons de protection auditive en cas d'exposition (concert, discothèque, feux d'artifice, travail sur un chantier ou dans un aéroport, par exemple)
• Ne pas écouter de musique, la radio ou la télévision trop fort, a fortiori en cas d'utilisation d'écouteurs ou d'un casque audio

Comment corriger une baisse d'audition ?

Une baisse d’audition, qu’elle soit due à un traumatisme sonore ou non, est souvent irréversible. Dans ce cas, le port d’appareils auditifs est la solution la plus simple et efficace pour améliorer son confort auditif. Ces dispositifs performants et discrets amplifient les sons en tenant compte des spécificités de la baisse auditive du patient et en lui permettant ainsi de mieux entendre. 

Les aides auditives s’obtiennent sur ordonnance, délivrée par un médecin ORL. Il est ensuite possible de se rendre chez un audioprothésiste afin de tester différents modèles et de bénéficier d’un suivi comme de réglages personnalisés. 

Pour les cas plus sévères, comme une surdité profonde, un implant cochléaire, implanté chirurgicalement et remplaçant la fonction de la cochlée, peut être envisagé.