10.10.18
Selon une étude française, une foetopathie à CMV (cytomégalovirus), serait la deuxième cause de surdité bilatérale profonde supérieure ou égale à 91 dB chez les enfants. L’étude se base sur une centaine d’enfants d’un âge médian de 15 mois présentant un déficit auditif bilatéral. La prévalence du CMV était de 8% pour cette population et de 15,4% pour la sous-population d’enfants présentant un déficit auditif profond bilatéral.
L’étude se base sur une centaine d’enfants d’un âge médian de 15 mois présentant un déficit auditif bilatéral. La prévalence du CMV était de 8% pour cette population et de 15,4% pour la sous-population d’enfants présentant un déficit auditif profond bilatéral.
Dans les pays industrialisés, l’infection à cytomégalovirus est l’une des infections virales congénitales les plus fréquentes. Chez la femme enceinte, elle peut être responsable de pathologie foetale entraînant, dans certains cas, des séquelles graves. Celles-ci sont majoritairement cérébrales et sensorielles. Le cytomégalovirus (CMV) a la particularité de pouvoir s’installer à vie dans l’organisme hôte. Le virus peut facilement être détruit par la chaleur, les savons, détergents et désinfectants. La contamination se fait par contact rapproché, par les urines, la salive, le lait maternel et les rapports sexuels. Chez l’adulte et le grand enfant en bonne santé, le virus devient très rapidement quiescent. Chez le nourrisson infecté en anténatal, l’excrétion urinaire perdure plusieurs années, ce qui est un facteur majeur de dissémination du virus.
En France, 40 % à 95 % des femmes sont séropositives à CMV, c’est-à-dire qu’elles ont déjà été contaminées avant la grossesse. L’infection au CMV entraîne des atteintes plus ou moins sévères selon la date de l’infection en anténatal. Si l’infection du fœtus survient durant le premier trimestre de la grossesse, les lésions cérébrales retrouvées seront plus fréquemment des anomalies de structuration. Si l’infection survient ultérieurement il s’agira plutôt de lésions de type inflammatoire.
Les séquelles sensorielles (auditives ou visuelles) peuvent apparaître des mois ou des années après la naissance. Leurs fréquence et gravité sont mal documentées, en particulier pour celles apparaissant tardivement.
Le risque de séquelles est d’autant plus élevé que la date de l’infection du fœtus est survenue précocement durant la grossesse.
La surdité est la complication isolée la plus fréquente retrouvée dans les foetopathies à CMV. Il s’agit d’une surdité de perception, uni ou bilatérale, légère à profonde. Ce handicap peut être facile à mettre en évidence, mais il peut aussi passer inaperçu au début de la prise en charge et il sera évoqué devant une évolution atypique du langage de l’enfant, comme dans certaines dysphasies associées à des surdités par exemple. On peut rapprocher de cette catégorie des enfants ayant une surdité d’apparition secondaire avec un niveau de langage ou de parole anormal au moment de l’apparition de la surdité.
L’intérêt du dépistage anténatal systématique de l’infection à CMV réside dans la possibilité d’un suivi axé sur l’audition et le développement moteur. Le suivi des enfants permettrait notamment de dépister précocement une atteinte auditive.
Sources :
Avettand-Fenoël V et al. Congenital cytomegalovirus is the second most frequent cause of bilateral hearing loss in young French children. J Pediatr 2013 ; 162 : 593-9.
M. Mondain, C. Blanchet, F. Venail, A. Vieu Classification et traitement
des surdités de l’enfant - Ed. Elsevier
Dr. Natalie Loudon et Dr. Sandrine Marlin in Connaissances surdité.